Cinq ans après l’action, le verdict est tombé. Laurine, Véronique et Gaëtan, poursuivis pour avoir décroché le portrait du président Emmanuel Macron à Ancenis en 2019, ont été relaxés par la cour d’appel de Rennes.
Le 16 mars 2019, alors que des milliers de citoyens descendaient dans la rue lors d’une marche climat pour demander des politiques ambitieuses et le respect des accords internationaux, une dizaine d’anceniens entraient dans leur mairie pour retirer le portrait du président, et y laisser un mur vide, à l’image de la réponse politique qui était alors faite aux personnes mobilisées face à l’urgence. Ce décrochage, avec plus de 150 autres partout en France, avait provoqué une forte réaction de l’exécutif, qui n’avait pas hésité à déployer d’importants moyens policiers et judiciaires, avec notamment plus de 60 procès, dont celui de trois activistes d’Ancenis, Gaëtan, Laurine et Véronique.
En 2020, ils avaient été condamnés en première instance par le tribunal de Nantes, à 500 euros d’amende ferme pour le décrochage et 300 euros pour avoir refusé de donner leur ADN lors de leurs auditions par la police. En relaxant les prévenus mardi, la cour d’appel de Rennes a reconnu que l’action s’inscrivait dans le cadre de la liberté d’expression.
“Cette victoire va plus loin que notre simple relaxe,” indique Laurine Guyard, “elle est une nouvelle pierre dans la reconnaissance de la légitimité des actions de désobéissance civile non-violente. Au-delà des actions de décrochages, c’est l’ensemble des activistes pour le climat qui subissent une répression de plus en plus intense de la part des gouvernements successifs. Nous devons continuer la bataille juridique pour faire reconnaître la légitimité de nos luttes face à l’inaction climatique.”
Le procureur de la République a 10 jours pour décider de porter le jugement devant la cour de cassation. La plus haute instance de l’ordre judiciaire français avait déjà validé, le 23 mars 2023, la relaxe des activistes d’ANV-COP21 Gironde, poursuivis pour le même action. L’affaire sera également étudiée par la Cour européenne des droits de l’homme, où 11 autres militants veulent faire condamner l’État français pour atteinte à la liberté d’expression, suite à leur condamnation.