Nantes : la Grue Jaune classée aux Monuments Historiques
Sur proposition de l’État (Direction régionale des affaires culturelles (DRAC) des Pays de la Loire), en lien avec la Ville de Nantes qui en est la propriétaire, le ministère de la Culture a classé au titre des monuments historiques la grue Titan jaune, située sur l’île de Nantes, par un arrêté en date du 13 mai 2024.
La grue avait été inscrite au titre des monuments historiques en 2018. Le classement constitue un niveau de protection supérieur. Ce classement fait suite à l’avis favorable de la commission nationale du patrimoine et de l’architecture.
Au plan national, dans chaque grand port, on pouvait autrefois découvrir plusieurs dizaines de grues dans le paysage urbain, ce qui totalisait quelques centaines sur le littoral français. Ce nombre a été fortement réduit ces dernières années du fait des démolitions comme la grue Gusto à Saint-Nazaire.
La période récente a vu quelques mises en valeur à Marseille, La Ciotat, Strasbourg ou encore Bordeaux. Seules sont à ce jour classées au titre des monuments historiques une petite grue Applevage à Nice (1937-1956), la grue Paindavoine n°4 à Brest (1956- 1958), dernier témoin du dispositif mis en place lors de la reconstruction, et la grue Titan du port de Nantes (1966).
Les grues de l’île de Nantes, l’âme des anciens chantiers navals
Derniers témoins de l’activité portuaire et de la construction navale, les grues du port de Nantes marquent le paysage de la ville par leurs silhouettes caractéristiques. En 2005, le risque de disparition de la grue Titan grise construite en 1966 pour le levage de matériaux avait conduit à son classement au titre des monuments historiques.
18 ans plus tard, c’est au tour de la grue Titan jaune, construite en 1954 par les chantiers navals pour le levage des éléments préfabriqués des navires, d’être protégée. Elle est le symbole de la construction navale nantaise et surtout d’une période florissante, les années d’après-guerre de reconstruction de la flotte française avec dans le même temps la modernisation des chantiers. Sa couleur jaune caractéristique, qu’elle ne porte que depuis la fin des années 1970, en fait aujourd’hui l’un des éléments emblématiques du patrimoine industriel nantais.
La protection au titre des monuments historiques
La protection au titre des monuments historiques est un dispositif législatif d’utilité publique basé sur des principes d’analyse scientifique et historique. L’intérêt patrimonial d’un bien s’évalue en examinant un ensemble de critères historiques, artistiques, scientifiques et techniques. Les notions de rareté, d’exemplarité et d’intégrité des biens sont par exemple prises en compte. La demande de protection peut émaner du propriétaire du bien, de son affectataire ou de toute personne y ayant intérêt (collectivité territoriale, association de défense du patrimoine…).
L’initiative de la protection peut aussi être prise par les services de l’État. L’instruction de la demande de protection est assurée par la direction régionale des affaires culturelles (DRAC), service déconcentré du ministère de la culture en région. Lors de l’inscription de la grue jaune en 2018, un vœu de classement avait été émis par la commission régionale du patrimoine et de l’architecture. Le dossier fait l’objet d’une présentation en commission nationale du patrimoine et de l’architecture à Paris, qui a émis un avis favorable sur la demande. Le classement a alors été prononcé par arrêté ministériel.
Les monuments historiques à Nantes : quelques chiffres clés
Près de 150 immeubles protégés au titre des monuments historiques. À Nantes, 25 immeubles sont classés monument historique et 118 sont inscrits. Parmi les édifices classés, on trouve par exemple le passage Pommeraye, plusieurs immeubles de l’île Feydeau, la chapelle de l’Oratoire, le décor intérieur du restaurant La Cigale place Graslin, le château des Ducs ou la cathédrale Saint Pierre.
Plus de 200 objets protégés au titre des monuments historiques à Nantes
D’une grande variété, on trouve parmi ce corpus aussi bien des objets liturgiques conservés dans des églises, les deux chefs-d’œuvre du peintre Nicolas Bourdon exposés dans la basilique Saint-Nicolas (Sainte-Geneviève et Le Baptême du Christ du XVIIe siècle), des bateaux comme le Belem, le Maillé-Brézé, le Léchalas ou l’avion Super Constellation situé à l’aéroport de Nantes-Atlantique.
Les grues de Nantes font partie de ce corpus des objets mobiliers, en tant qu’« objet mobile »
La grue Titan, dite Grue Jaune, est une grue roulante à flèche horizontale, nommée également « grue marteau ». La partie roulante est composée de quatre pieds armés de bogies comportant six galets, sur un chemin de roulement conservé. La longueur totale d’extrémité à extrémité de ces bogies est de 16 m. Elle circulait sur deux rails distants de 6,7 m d’axe en axe. La longueur de voie mesurait 293 mètres.
Les pieds de la grue sont surmontés d’un fût central de 3,75 m de diamètre et de 30 m de haut. Une partie tournante le surmonte. Une échelle à crinoline entoure le fût. La flèche possède un chariot roulant à crochet. La contre-flèche possède son lest ainsi que la cabine des treuils. L’ensemble fonctionnait avec un moteur électrique.
La commande s’effectuait par cabine
Les charges d’origine étaient de 50 tonnes à 21 m et de 30 tonnes à 33 m. Dans les années 1970, la grue est renforcée avec l’ajout d’un contrepoids et d’un lest en pieds : les charges sont alors portées à 80 tonnes pour 21 m et à 40 tonnes pour 33 m. L’ensemble de la grue « jaune » pèse 400 tonnes.
Initialement grise, elle arbore une couleur jaune depuis les années 1970.
La grue jaune, un patrimoine culturel ligérien à découvrir ou à redécouvrir sur l’île de Nantes !
Visuel de Une : Alain Moreau