Le lundi 29 septembre 2025, la cathédrale St-Pierre et St-Paul de Nantes ouvrira partiellement au public. Ce sera pour les fidèles et pour les nantaises et nantais une émotion aussi intense que celle qui les submergea un soir de juillet 2020.
Ce mardi, le préfet, Fabrice Rigoulet-Roze accompagnait la nouvelle directrice de la DRAC, Mme Anne Gérard, le sous-directeur, M. Phalipou, ainsi que les ingénieures qui conduisent les travaux de rénovation du lieu de culte emblématique de la vie nantaise. En introduction, l’évêque de Nantes, Mgr Percerou a évoqué la joie et l’attente de voir la cathédrale renaître.
32 M€ pour la remise en état de la cathédrale
Après le énième drame subi en juillet 2020, la cathédrale de Nantes a été immédiatement prise en main. Il y a eu le temps des investigations judiciaires, essentielles pour la bonne tenue de l’enquête. Puis ce furent les analyses qui révélèrent des hautes teneurs en plomb, imposant des protocoles de sécurité.
Les premières années ont donc été consacrées à l’état des lieux et aux diagnostics ainsi qu’à la dépollution.Les techniciens sur place ont procédé à l’aspiration du bas en haut de l’édifice. Certaines parties ont nécessité deux passages des aspirateurs.
Le traitement des vestiges de l’incendie s’est fait immédiatement après le sinistre pour les vitraux, et à l’issue du travail de la police judiciaire pour l’orgue de tribune. Les fragments de verre ou parties de l’orgue ayant survécu aux flammes ont été collectés comme lors d’une fouille archéologique afin de ne pas perdre d’information et de faciliter leur analyse. Les morceaux de verre ont été recueillis par un atelier spécialisé qui les a triés, dépollués et a travaillé sur des reconstitutions qui permettent de retrouver des parties de cette œuvre exceptionnelle.
Le tableau illustrant le martyre de Saint Gohard avait souffert de la chaleur des flammes et sa restauration, lancée rapidement, est aujourd’hui terminée.
À partir de septembre 2023 la restauration du bras sud du transept et du chœur, nécessaire à la réouverture de l’édifice, a commencé. L’incendie a fortement altéré les pierres d’une grande pile du chœur, qu’il était nécessaire de changer.
Il a également fallu reprendre les joints des voûtements, fragilisés par la chaleur de l’incendie, ainsi que les pierres sculptées altérées et les vitraux qui incluaient de nombreuses casses et fêlures. Le vitrail de Chapuy, sur le mur sud du transept présentait moins de casses, mais un encrassement important.
La console de l’orgue de chœur a été détruite par un des trois foyers de l’incendie et le buffet envahi par les suies et fumées.
Les travaux de dépollution et de restauration imposaient un démontage complet de l’orgue et la création d’une nouvelle console. Ces travaux ont débuté en 2023 et s’achèveront par le remontage et l’harmonie de l’orgue, avant la réouverture en septembre 2025.
La restauration du tombeau des ducs de Bretagne était pré-vue à la veille de l’incendie qui n’a eu aucune conséquence sur l’œuvre. Les dégradations évolutives dont elle souffre néanmoins empêchaient de reporter davantage cette opération et le chantier a donc été lancé en mai 2023. Cette coactivité de plusieurs chantiers, non prévue à l’origine, a constitué un facteur de complexité supplémentaire.
L’électricité, les réseaux, l’éclairage, la sécurité incendie sont refaits entièrement à neuf et pour cacher ses réseaux, on démonte des pierres qui seront replacées ensuite. D’ici septembre 2025, les ouvriers, tailleurs de pierre, maçons, jointoyeurs de l’entreprise Lefevre Centre-Ouest sont à pied d’œuvre.
La cathédrale de Nantes a une riche histoire
La construction de l’actuelle cathédrale de Nantes commence en 1434, sur les bases d’un édifice plus ancien. Elle débute par la façade occidentale, avec ses cinq portails de style gothique flamboyant, et ses deux tours terminées au début du XVIe siècle, ainsi que la nef. Le transept date du XVIIe siècle.
Jusqu’au XIXe siècle, date à laquelle il est décidé d’achever l’édifice, la grande nef cohabite avec un étroit chœur roman.
La construction ne s’achève véritablement qu’en 1891, dans une homogénéité architecturale remarquable.
La cathédrale Saint-Pierre et Saint-Paul est classée au titre des monuments historiques, avant même la fin des travaux, par liste de 1862.
La crypte romane, datée du XIe siècle, constitue l’unique vestige de la cathédrale primitive. Au XIXe siècle, de nouvelles cryptes sont construites. Ces espaces sont aménagés au XXe siècle afin de les ouvrir au public et d’accueillir le trésor de la cathédrale et une exposition retraçant l’histoire de l’édifice.
Au cours de son histoire, la cathédrale Saint-Pierre et Saint-Paul subit de nombreux dommages. En 1793, ses statues et ses tableaux sont les victimes du vandalisme révolutionnaire.
En 1800, l’explosion de la poudrière du château des Ducs de Bretagne détruit une grande partie des vitraux, épargnant la baie occidentale.
Lors de la Seconde Guerre mondiale, la cathédrale est touchée par les bombardements en 1944 : l’abside et son déambulatoire sont atteints, la sacristie et trois chapelles sont détruites. Enfin, la cathédrale est dévastée par les flammes à deux reprises. En 1972, le feu prend au niveau de la charpente qui sera complètement détruite. Le 18 juillet 2020, un incendie volontaire provoque de lourds dégâts.
Visuels : Alain Moreau.