Une première étape de toutes les incertitudes pour cette nouvelle édition de la Solitaire du Figaro, ce dimanche 21 août 2022.
La première étape (644 milles) se dispute entre la Loire-Atlantique et Port-la-Forêt, avec un grand détour par la mer Celtique et les côtes galloises.
34 marins participent à la course cette année…
Ils sont partis ! Le Grand Départ de La Solitaire du Figaro a été donné à 15h40 au large de Saint-Michel-Chef-Chef (Loire-Atlantique) par Damien Seguin, parrain de la 53e édition de la course après avoir passé le sas devant un public venu nombreux. Les 34 Figaristes en lice cette année dont 9 bizuths, se sont élancés sur la première édition de la course dans un vent très léger.
…dont 9 bizuths
Un à un, les 34 solitaires ont quitté ce dimanche le ponton de la Base des Sous-Marins de Saint-Nazaire à partir de 11h45. Un moment spécial, toujours émouvant et stressant pour les marins. “C’est toujours un mix entre l’envie et un petit peu d’appréhension.
Cette première étape ne va pas être si simple que ça. Il y aura un, voire deux fronts à passer, une dorsale qui va pousser derrière pour revenir sur la Bretagne. ça peut être compliqué. Il va forcément y avoir des passages à niveau, commente Damien Seguin, parrain de cette édition 2022. “Le plateau est jeune, mais il y a beaucoup d’expériences cumulées. Certains nouveaux ont les dents longues aussi. Il serait très difficile pour qui que ce soit de faire un pronostic même si, quand on regarde les résultats des dernières années ou de cette saison, on voit un trio ou un quatuor se dégager. Mais La Solitaire restera toujours une course à part, avec son lot de surprises”.
Une météo complexe promet de pimenter la course
Et cette première étape, qui présente tous les atours d’une grande classique, ne sera certainement pas en reste pour préserver le suspense. À l’image du départ dans des tout petits airs au large de Saint-Michel-Chef-Chef, qui a bien donné du fil à retordre au comité de course, ce premier parcours se profile sous le signe de toutes incertitudes.
Après avoir coupé la ligne, la flotte progresse désormais à toute petite cadence vers la pointe de Penmarc’h qu’elle devrait doubler lundi matin. Puis elle poursuivra vers la chaussée de Sein et les îles Scilly à laisser à tribord pour aller virer l’île de Skokholm au large du Pays de Galles. Il sera alors temps d’entamer une grande descente vers Land’s End, pointe sud-ouest de l’Angleterre, et la très tactique mer d’Iroise. Après avoir négocié la sortie du raz de Sein, les solitaires devront effectuer un bord vers l’archipel des Glénan et la baie de Port-la-Forêt, où ils sont attendus jeudi 25 août. Il sera alors temps d’affaler un peu les voiles après quatre jours et quatre nuits d’une course d’une intensité de tous les instants, pimentée par une météo incertaine qu’il faudra savoir décrypter.
Les modèles varient beaucoup
Depuis hier, tous les skippers, comme les plus proches observateurs, s’accordent en effet pour dire qu’il y a des divergences dans l’air dans les prévisions des fichiers météo.
“Les modèles varient beaucoup, ce qui ne favorise pas la fiabilité,” commente Cyrille Duchesne de Météo Consult. Au regard du parcours de 644 milles, les conditions, de légères à modérées attendues, n’en seront pas moins très variées, avec de nombreux changements de rythme, ainsi que des variations de types de vents et de temps. “L’incertitude fait qu’il n’y pas un choix dicté. Elle ouvre la porte à plus d’options. Cette étape sera très intéressante à suivre,” ajoute le prévisionniste en charge des bulletins de la course.
Il va falloir être opportuniste
Un point de vue que partage volontiers Dominic Vittet, qui, comme Nicolas Lunven avec le Pôle Finistère Course au Large, et Marcel Van Triest avec Lorient Grand Large, accompagne et conseille les skippers jusqu’à ce qu’ils embarquent à bord de leur Figaro Bénéteau 3 pour rentrer dans le vif et de la feu de la compétition .
“Cette étape s’annonce plutôt ouverte. Ils et elles vont devoir écrire leur histoire au gré des bascules, des nuages et des molles. Rien n’est vraiment défini à l’avance,” explique-t-il sur les quais de Saint-Nazaire après avoir échangé un long moment avec Corentin Horeau. “ Il va falloir être opportuniste. Il faudra s’économiser un peu, pour ne pas se cramer d’entrée jeu en vue d’une décision stratégique qu’il faudra prendre en Bretagne Nord. Et ne pas trop stresser si on perd un peu sous un petit nuage, ou dans un petit front orageux”, commente de son côté le skipper de Mutuelle Bleue. “Tout l’enjeu consiste à présent à bien digérer toutes les infos météo qu’on amasse depuis hier midi. À moi de jouer maintenant pour bien les utiliser sur l’eau ! Je vais essayer de faire parler l’expérience…”
Les sprints intermédiaires, grande nouveauté 2022
Cette année, les premiers concurrents à franchir une marque de parcours recevront une bonification en temps qui comptera pour le classement général : 5 minutes pour le 1er, 3 minutes pour le 2nd et 1 minute pour le 3e). La Bouée cardinale Ouest “Chaussée de Sein”, marque de parcours de la première étape, devrait permettre de voir se dessiner les premières tendances !
Basile Bourgnon (EDENRED), 1ère participation
“C’est ma première Solitaire. Je ne sais pas trop à quoi m’attendre. Je ne suis pas forcément stressé. Est-ce que c’est bon signe, ou pas ? Je ne sais pas, mais je rentre dans le bain confiant, entouré des copains. On va essayer d’accrocher les wagons et faire une belle première étape. On va monter assez haut. Ça va être l’occasion d’aller visiter l’Angleterre et Skokholm Island.
Les conditions vont être légères. Ce n’est pas un problème. Il va falloir être bon dans toutes les conditions. J’ai fait une bonne avant-saison avec de belles places. Il y a des choses qui sont possibles, même si La Solitaire est un cas à part. Je ne me suis pas vraiment fixé d’objectif, si ce n’est le classement Bizuths. Guillaume Pirouelle, mon principal concurrent, a été très fort en début d’année. On va voir comment on navigue tous les deux. Et pour le classement général, on verra au bout des trois étapes”.
Achille Nebout (Amarris – Primeo Énergie), 4e participation
“Je suis très content de partir après une belle semaine à Nantes. Et je suis très motivé et très détendu pour ma quatrième participation. Je me sens prêt. Et je vais essayer de profiter au maximum de cette Solitaire. Au départ, ça va sûrement être un peu léger. Il va falloir avoir les yeux ouverts. Et surtout composer au mieux avec le vent qu’il y aura sur le plan d’eau. Mais ce n’est pas plus mal d’avoir un peu de pétole pour commencer. On sait que l’étape ne va pas se jouer au départ. Mon objectif est de prendre du plaisir et de donner le maximum. J’aimerais bien faire une Solitaire à un chiffre au classement général à l’arrivée. Ça serait sympa !”
Chloé Le Bars (Région Bretagne – CMB Océane), 1ère participation
“ La Solitaire du Figaro est une grande étape dans la carrière d’un skipper. Je me sens stressée, forcément. Les conditions météo pour le départ vont être assez sympathiques pour un bizuth. On aura le temps de bien se mettre dans le bain. J’ai hâte de partir. Je suis prête. Le bateau est prêt. Il n’y a plus qu’à se bagarrer. L’évolution de la situation météo va être la plus grosse difficulté. Il faudra faire des choix différents en fonction des anticyclones, des dépressions…
On aura pas mal de choses à analyser et à suivre au jour le jour pour être au bon moment au bon endroit. Ça ne va pas être facile mais sinon ça devrait aller. La première étape va durer quatre jours. Il va falloir gérer son rythme à bord mais sinon je pense que ça devrait bien se passer”.
Susann Beucke (This Race Is Female), 1ère participation
“Je suis très, très nerveuse. Je suis arrivée en retard parce que je ne réussissais pas à charger les fichiers GRIB sur mon ordinateur. La première étape sera très longue, avec quatre nuits en mer. Mais il y aura de nombreuses opportunités de revenir, ce qui est bien pour moi. La situation générale ne pourrait pas être meilleure pour moi. Si on m’avait dit en février que je serais au départ de la première étape de La Solitaire du Figaro, j’aurais dit que c’était impossible”
Tom Dolan (Smurfit Kappa-Kingspan), 5e participation
“ On part pour une bonne étape de Solitaire classique, avec potentiellement beaucoup de rebondissements, des étirements de flotte et du jeu jusqu’à la fin. C’est une étape qui ne suffira pas pour gagner la Solitaire mais qui peut donner les moyens de la perdre. Il faudra rester sage. Il y a beaucoup de désaccord entre les fichiers météo. Tout va dépendre du passage d’un front froid au moment d’entamer la descente des côtes galloises. La régate jusqu’à la chaussée de Sein, avec le passage de trois fronts et des bascules dans tous les sens sera importante, mais la course ne sera jamais finie. L’expérience devrait aider un peu. La situation est encore très floue. Je téléchargerai les derniers fichiers dans le SAS de Saint-Nazaire !”