Un maraîcher de Saint-Hilaire-de-Clisson condamné pour avoir épandu des pesticides non autorisés sur ses épinards
À l’occasion d’une inspection le 27 août 2017, la Direction régionale de l’alimentation, de l’agriculture et de la forêt (DRAAF) avait réalisé plusieurs « prélèvements » sur des « épinards » de l’exploitation de la société civile d’exploitation agricole (SCEA) de l’Osée, une exploitation maraîchère située à Saint-Hilaire-de-Clisson.
Les résultats des expertises menées avaient démontré la présence de « deux substances non homologuées en France », la cyperméthrine et le dithiocarbamate, qui appartient à la famille des fongicides. D’autres prélèvements, effectués dans la foulée, avaient également démontré la présence de fluopicolide, un autre pesticide non autorisé, sur des plants de cresson, de mâche et de roquette.
Revenus un mois plus tard, les inspecteurs de la DRAAF avaient constaté qu’il n’y avait « plus d’épinards sur les parcelles » et en avaient déduit que ces derniers « avaient été vendus », malgré la présence de pesticides non autorisés.
Quels risques potentiels pour la santé ?
Plusieurs molécules de cette famille ont été évaluées comme perturbateurs endocriniens avérés par l’Efsa. Autrefois utilisés dans les pratiques agricoles conventionnelles, ces molécules peuvent se concentrer dans toutes les productions végétales : fruits et légumes, céréales, raisin, etc.
Au regard de cette toxicité avéré, il n’y a plus aujourd’hui que le ziram dont l’usage est encore autorisé à dans l’Union européenne.
Une » dérive » de pesticides
Contrairement à ce qu’il avait soutenu tout au long de la procédure, Charles XXX, le représentant de l’entreprise, a reconnu devant le tribunal correctionnel de Nantes ce jeudi 14 mars 2024 avoir traité son cresson avec des pesticides interdits sur cette culture – mais autorisés sur d’autres. « La culture de cresson était une petite culture au milieu de la roquette. J’ai tout traité de la même façon », concède-t-il.
Quant à la présence de la cyperméthrine dans les épinards, il assure que cela résulte d’une « dérive » de ce pesticide utilisé dans la culture de la roquette vers la culture d’épinards – une hypothèse contestée par les agents de la DRAAF. Il a également concédé avoir vendu cette production, malgré le fait qu’il avait conscience qu’elle n’était pas aux normes : ce pesticide avait été interdit en France sur la production d’épinards.
Reste que ces pratiques auraient pu être décidées par « la direction du groupement », estime la DRAAF : l’exploitation de l’Osée appartient au groupement des producteurs de Nantes, au sein duquel une seconde exploitation avait traité ses épinards avec le même pesticide non autorisé.
Lors de ses réquisitions, le procureur de la République a rappelé que « ces normes ont pour objet de protéger le voisinage, les consommateurs, l’environnement et en premier lieu le salarié qui utilise ces produits ». Charles XXX a « un peu facilement transposé l’usage des pesticides de la roquette au cresson », a-t-il déploré, requérant une amende de 10.000 €, dont 7.000 € avec sursis. L’homme – qui cultive aujourd’hui « de la mâche, des carottes, des poireaux et des radis » – a finalement été reconnu coupable et devra payer une amende de 3.000 € au Trésor public./MJ (PressPepper)