Prison avec sursis pour le père qui caressait les seins de sa fille à Soulvache, commune du nord de la Loire-Atlantique, proche de Châteaubriant.
Sa fille de 15 ans avait elle-même lancé l’alerte à l’approche des vacances de la Toussaint, en octobre 2023, dans un message adressé à son lycée : elle expliquait ne pas être « sûre » de pouvoir « tenir » pendant les deux semaines de congés scolaires qui s’annonçaient, à cause de « l’ambiance familiale »… Face à cet « extrême mal-être », l’établissement scolaire avait donc fait un signalement auprès de l’institution judiciaire.
L’adolescente avait expliqué par la suite que son père Bruno XXX l’insultait régulièrement, lui « touchait les seins » ou « les fesses », lui « lançait des objets au visage », l’empêchait parfois de manger ou encore la forçait à « faire des travaux » dans la maison. « La plupart du temps, c’est quand il est alcoolisé », avait-elle souligné, assurant cependant n’avoir « aucune idée » de « pourquoi il rentre dans ses colères ».
Léa avait également décrit des scènes de « violences conjugales » : son père « frappe » et avait déjà « tenté de violer » sa mère, qui avait fini par « céder ». Ces violences survenaient « à chaque fois qu’ils ne sont pas d’accord », soit « quasiment tous les week-ends depuis que j’ai 8 ans »…
« C’était plus du taquinage »
Dans ce contexte, l’adolescente de 15 ans avait donc demandé à « être placée » par les services sociaux, assurant « ne plus vouloir voir son père » et « ne plus en pouvoir ». Depuis, elle réside chez une amie ; face à sa « détresse psychique importante » et son « stress post-traumatique », un médecin lui a prescrit « au moins » 30 jours d’interruption totale de travail (ITT).
Entendu à son tour par les gendarmes, son père Bruno XXX avait reconnu les faits et assuré « prendre conscience de la portée que ça avait pu avoir » sur sa fille.
À la barre du tribunal correctionnel de Nantes, ce vendredi 2 février 2024, cet « opérateur de production » à Châteaubriant admet avoir « commis des erreurs » mais explique que « c’était plus du taquinage ». Les insultes ne survenaient que « quand j’étais ivre », relativise-t-il. « Depuis qu’elle n’est plus là, je ne bois plus », a d’ailleurs fait remarquer cet homme de 46 ans.
« Quand il boit, il est con et Léa ne supporte pas ça », avait confirmé sa femme. « C’est un mec super cool s’il ne boit pas, mais il a l’alcool mauvais ». Et les violences conjugales ? « Je préfère qu’il me tape plutôt qu’il tape les enfants », avait-elle répliqué.
Il « ne sait pas parler à ses enfants »
« Les préoccupations d’un jeune en classe de seconde, ça devrait être de savoir ce que l’on fait samedi prochain… Les préoccupations de Léa, c’était d’appeler le 119 », avait ainsi déploré l’avocat de la partie civile. « Son père n’a pas les limites qu’il devrait avoir en termes sexuels » avec sa propre fille, dont les « vaccins » ne sont par ailleurs « pas à jour ». Une illustration « parmi d’autres » de la « détresse » de cette adolescente.
Un raisonnement suivi par le procureur de la République, qui a estimé que Bruno XXX doit « repenser son rôle de père ». Il avait requis douze mois de prison avec sursis probatoire, avec notamment une obligation de soins et une interdiction de contacts avec sa femme et sa fille.
Mais « il y a une volonté de continuer la vie commune », avait objecté l’avocat du prévenu. S’il a reconnu que son client « ne savait pas parler à ses enfants », il penchait davantage pour un « stage de sensibilisation aux violences intrafamiliales » en guise de sanction judiciaire.
Le tribunal correctionnel de Nantes a finalement prononcé un an de prison avec sursis probatoire : dans ce cadre, Bruno XXX devra suivre des soins « en lien avec son addiction à l’alcool » et aura interdiction d’entrer en contact avec sa fille. Il a été aussi privé de l’exercice de son autorité parentale et il devra lui verser 3.000 € de dommages et intérêts par le biais d’un administrateur ad hoc./MJ (PressPepper)
Visuels : DR et Jean Nouvel.