Loire-Atlantique

Saint-Colomban : 800 personnes contre la carrière GSM

Les grosses exploitations maraichères détruisent chaque jour un peu plus un écosystème fragile en sud Loire.

Ce samedi 28 septembre, environ 800 personnes et une vingtaine de tracteurs ont rejoint la mobilisation paysanne et écologiste à Saint-Colomban, au sud de Nantes, contre la destruction du bocage par l’extraction du sable et le maraîchage industriel. C’est la première manifestation après la victoire d’étape obtenue l’an dernier : l’abandon du projet d’extension d’une des deux carrières, celle du groupe Lafarge. Mais le bocage et ses paysan.nes sont encore menacé.es par l’extension concomitante du maraîchage industriel et de la carrière GSM. Cette dernière fait en ce moment même l’objet d’une enquête publique.

Après les prises de paroles des paysan.nes du 44, des Soulèvements de la terre, de la Tête dans le sable ou de la CGT, unis contre les nuisances écologiques et l’exploitation des travailleur.euses par les industriels du secteurs, la manif démarre.

Une enquête publique en cours

Une fois sur la route, l’alliance entre extraction du sable et maraîchage industriel saute immédiatement aux yeux. On passe directement d’un paysage verdoyant de prairies et de haies à des centaines d’hectares de bandes de terres nues couvertes de sable et de serres. Celles-ci sont contigües à la carrière depuis laquelle le sable est extrait. La carrière GSM vise encore à s’agrandir sur 30 ha et à favoriser ainsi l’accaparement des terres par les grands groupes du maraîchage industriel – Océane, Terrena, Nantureop, Ydeal…- au dépend des agriculteurs locaux et du bocage. Partout sur les parcelles exploitées par les sociétés d’une poignée d’agri-managers, de gros tas de sable, des déchets de bâches plastique.

Vinet, est un exemple emblématique des malversations de ce secteur. Ses montages sociétaires opaques empêchent de saisir exactement à quel point il cumule terres, aides et capital. Mais à titre d’exemple, sa principale société « les trois moulins » accapare plus de 1000 ha et 2 889 493 euros de PAC par an. Ce criminel climatique et exploiteur social, dont le chauffage des serres dépasse régulièrement les valeurs limites d’émissions, arrose le sol d’intrants chimiques et irrigue intensivement pour des productions massivement exportées de mâche et de muguet. Il contribue lourdement à l’assèchement et à l’intoxication des nappes et cours d’eaux environnants. Vinet a été condamné en 2021 pour « destruction non autorisée d’une espèce animale protégée » ou encore en 2017 pour « tromperies sur la marchandise ». À grand renfort de dérogations au droit du travail, Vinet exploite des centaines d’ouvrier-ères agricoles. Comme bien d’autres agri-managers, il leur impose des cadences infernales, les expose à des produits chimiques et les soumet à des règles quasi-esclavagistes. 

L’objectif de la mobilisation est annoncé : retour à l’envoyeur ! Les manifestant.es rentrent dans les parcelles, se munissent de seaux, de pelles et se réunissent autour des tas de sable. Ils et elles constituent en dansant des chaînes humaines afin de remplir les remorques des paysan.nes.

Retour à l’envoyeur

Il.les se dirigent ensuite au bord de la carrière GSM lourdement gardée – tout comme les platebandes des maraîchers industriels – par des centaines de policiers, des quads et blindés. Les manifestant.es se regroupent autour des tracteurs devant la grille pour remettre ce sable là d’où il n’aurait jamais dû être extrait. Les études mises en œuvre par l’association La Tête Dans Le Sable le démontrent : en plus d’artificialiser le bocage et d’assurer la production climaticide de béton, l’extraction de sable impacte gravement les nappes d’eau et les zones humides environnantes. Les trous d’eau seront par la suite remplis de déchets du BTP aux conséquences nocives.

Ramener le sable des parcelles jusqu’à la carrière, c’est visibiliser l’interdépendance entre extraction du sable et maraîchage industriel : 30% du sable de la carrière GSM lui est en effet destiné.

Une fois le sable déversé, le contenu d’une seconde benne remplie de kilomètres de bâches plastiques et de tuyaux d’irrigation ramassés sur les sites des maraîchers est utilisée pour bloquer l’entrée du site. C’est l’occasion de dénoncer les quantités astronomiques de déchets produits chaque année par l’industrie maraîchère qui est en passe de transformer le sud de la Loire en mer de plastique.

De retour sur le champ sur lequel est établi le campement, les tracteurs lancent une nouvelle incursion en direction de la carrière GSM à travers les parcelles de Vinet. Un pont de bottes de paille et des barrières métalliques est installé prestement à travers le Redour. Une partie des manifestant.es passent de l’autre côté du ruisseau avant d’être repoussé.es par des tirs de gaz lacrymogènes.

 

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