Des habitants de Nantes Nord appellent à un rassemblement samedi 9 novembre à 15 h, devant la maison de quartier la Mano, 3 rue Eugène Thomas, à Nantes. Les riverains souhaitent dire collectivement leur refus de voir abattre des alignements d’arbres sur les quartiers Bout des pavés et Chêne des Anglais. Cela coïncide avec la présence du Commissaire enquêteur, dans le cadre de l’enquête publique organisée par la préfecture pour le compte de Nantes Métropole.
Après les 130 arbres abattus en début d’année, il est prévu d’en abattre 150 arbres de nouveau
Les habitants disent non. Les alignements sont protégés.
De grands arbres qui ont entre 40 et 60 ans et qui n’entravent aucun projet de construction de logements, ont simplement la malchance de se trouver sur le tracé de modification de l’espace public, un tracé conçu par une agence d’architecture parisienne.
D’autres pourraient être gardés en modifiant le dessin d’implantation de constructions futures.
Dans la période de dérèglement climatique que nous connaissons, ce projet vieux de presque 10 ans doit être revu. Ces abattages d’arbres interviennent sans études préalables d’écologues pour connaître l’impact qu’ils auront sur la biodiversité. Ils sont projetés sans étude de l’effet bénéfique qu’ils apportent au sol mais aussi à la régulation des températures : les documents de l’enquête publique ne comportent dans ce domaine aucun chiffrage ni même de présentation des ilots de chaleur du quartier.
Porter atteinte à des alignements est par principe interdit
Rappelons que l’importance des arbres est reconnue par l’article L.350-3 du code de l’environnement qui dispose qu’ils constituent « un patrimoine culturel et une source d’aménités, en plus de leur rôle pour la préservation de la biodiversité et à ce titre font l’objet d’une protection spécifique ». Cet article L.350-3 du code de l’environnement pose une interdiction de principe de porter atteinte aux alignements d’arbres bordant les voies ouvertes à la circulation publique : « le fait d’abattre ou de porter atteinte à un arbre ou de compromettre la conservation ou de modifier radicalement l’aspect d’un ou de plusieurs arbres d’une allée ou d’un alignement d’arbres est interdit ».
Or ce qui est interdit ou peut être autorisé titre exceptionnel, est ici élevé au rang de principe d’aménagement au vu de l’ensemble des alignements concernés. Si on peut admettre que des arbres de peu d’envergure sur un espace déjà artificialisé peuvent être abattus pour la construction de logements comme par exemple sur le parking de la rue Samuel de Champlain, il est en revanche inacceptable d’abattre des alignements seulement pour faire joli dans le plan d’une agence d’urbanisme parisienne. Ce ne sont pas les arbres qu’il faut abattre mais les plans de restructuration de l’espace public qu’il faut modifier !
L’enquête publique de 2023 portant création de ZAC avait oublié qu’il fallait une autorisation pour porter atteinte à des alignements … d’où ce complément d’enquête !
Mais cet oubli pose aussi d’autres questions :
Des alignements figurant dans les documents de l’enquête comme arbres à abattre sont déjà abattus ! C’est illégal !
Des alignements dont il est prévu d’abattre des arbres ne figurent pas dans les documents l’enquête. C’est mensonger.
Les documents présentés ne tiennent pas compte des recommandations de la MRAE, Mission régionale d’autorité environnementale… C’est peu respectueux !
Les habitants dénoncent tant de légèreté et pointent du doigt le projet écocide de l’agence d’architecture parisienne Germe et Jam qui préconise l’abattage de plus de 500 arbres au total sur l’ensemble de ces quartiers populaires.
La maire de Nantes tient-elle double langage en renaturant en centre-ville et en détruisant la nature dans la périphérie ?
Faut-il le rappeller, Nantes Nord est un quartier particulièrement touché par les dérèglements climatiques puisqu’on trouve en l’espace de quelques centaines de mètres, à la fois des inondations à répétition (Gesvres avec coupures du périphérique de plus en plus fréquentes et Cens avec 3 inondations en 2024, recours d’habitants sur des immeubles récents construits sur zones humides…). D’autre part, le quartier a une concentration d’îlots de chaleur parmi les plus importants de l’agglomération et un niveau de pollution très important (Route de Rennes et périphérique proche).
Ces îlots de chaleurs sont préoccupants, c’est la raison pour laquelle les habitants veulent garder les alignements d’arbres.
Collectif Nantes-nord pour une écologie citoyenne.
Visuel de Une : David Vig.