Lucky Peterson à Saint-Nazaire. Cinquante ans de carrière, ça se fête. Pour le coup, Lucky Peterson choisit de s’offrir une grande tournée. En rappelant à tous que le blues reste le socle éternel des musiques actuelles. Cette musique qui l’a bercé depuis tout petit, cette bande-son qui lui a permis d’arpenter les scènes du monde entier. Il y revient comme toujours, comme jamais, à la tête d’une formation qui en connaît un rayon en la matière.
« Mon père m’a nourri au blues avant que je puisse marcher. J’ai joué de l’orgue avant même de savoir parler. » Lucky Peterson est tombé dedans tout petit, baigné dans l’atmosphère du Governor’s Inn, le club tenu par son père Jame. En culottes courtes, il est au contact de pointures du genre blues légendes. Jimmy Reed, Muddy Waters, Buddy Guy, Junior Wells… En 1969, le bambin né cinq ans plus tôt à Buffalo joue devant Willie Dixon qui, sous le choc, le prend sous son aile. Lucky Peterson enregistre ainsi son premier disque produit par cet immense
parrain. Son titre : Our future, publié chez Today Records. Comme une promesse de lendemains enchantés, pour le surdoué de la classe biberon du blues qui fait vite les shows TV. Notamment dans le Ed Sullivan Show…
où Lucky Peterson à Saint-Nazaire revisite le Please, Please, Please de James Brown
Et c’est vrai que le prodige ne va dès lors plus s’arrêter. Aux claviers, ses émérites professeurs se nomment Jimmy Smith, Bill Doggett et Dr. Lonnie Smith ! Et quand à huit ans, il se décide à prendre la guitare. Il choisit comme références les trois King. B.B, Albert et Freddie, auxquels il doit rendre d’ailleurs hommage en septembre 2019. En attendant, cela sonne comme un signe du destin, pour celui qui désormais peut légitimement prétendre à la couronne du blues.
« Je n’ai pas choisi le blues, c’est le blues qui m’a choisi. » La formule fait sens au vu des états de service de celui qui fête désormais ses cinquante ans de bons et loyaux services. Pour cette musique qui lui a tout donné à qui il a tant offert. Jugez plutôt : au début des années 1980, l’adolescent a déjà tâté de la batterie. Il aligne les plans de guitare et accompagne encore et toujours à l’orgue les tournées de vétérans. Il connaît le métier, sur le bout des doigts.
C’est encore un gamin, mais son CV en dit long sur ses capacités. Il a été recruté par Little Milton, chanteur et guitariste phare du label Stax. Puis est devenu trois ans durant un pilier de l’orchestre de Bobby Blue Bland. Il ne lui reste plus qu’à poser son empreinte. Ce sera en 1989 le bien-nommé Lucky Strikes ! Sur le label Alligator. À vingt-cinq ans, il peut jouer à tous les postes. A la guitare comme aux claviers, à la basse comme de la voix. Signant ainsi des arrangements grande classe et des titres qui ont tout de hits.
Trente ans plus tard, Lucky Peterson a engrangé lauriers et Grammies…
Il est depuis belle lurette entré dans la légende d’une musique qu’il n’a cessé d’honorer tout en parvenant à ouvrir de nouvelles voies. Ceux qu’il a servis avec doigté comme Lightnin’ Hopkins et Jimmy Reed, comme Albert Collins ou Etta James, lui ont tous transmis une partie de leur génie. C’est ceux-là, et tout le reste, qui attise le feu de ce sacré Lucky !
Chanceux, sans doute, mais la bonne fortune sourit aux audacieux, capables d’aller au-delà de ce qu’on attend. Ce fut la force de Peterson qui, pour s’inscrire dans le sillon des aînés du blues, a su s’en nourrir pour alimenter ses propres versions. La moisson d’albums qui s’ensuivit plaide pour lui, capable régulièrement de remettre en jeu ce qui paraissait pour beaucoup acquis. C’est à ce prix, celui d’une ouverture d’esprit vers d’autres styles, que son singulier sens du blues s’avère vital ! Il sait bien que l’ADN de cette musique, il y a l’histoire d’un croisement des plus fertiles.
Capable d’allumer quand il veut le feu du blues
En 2019, le temps est passé, et Judge Kenneth Peterson peut désormais postuler au titre de gardien de la flamme. Capable d’allumer quand il veut le feu du blues comme en 2013 sur le terrible The Son Of A Bluesman. Entre classiques impeccables et compositions originales. A cet irréductible blues, il a su ajouter une dose de groove pur et dur, sombre et jubilatoire. Il peut se la jouer rock comme improviser à sa main, dans le droit fil des jazzmen.
Et de la soul, il a toujours su tirer l’essence spirituelle, rappelant tout autant qu’il a grandi aux sons du tout- puissant gospel. « Le blues, ce truc universel, n’a pas dit son dernier mot. », avait-il déclaré en publiant Black Midnight Sun. Un album produit par Bill Laswell où Lucky démontrait cette faculté à se régénérer. Seize ans tout juste plus tard, Peterson montre qu’il a de la suite dans les idées. « The blues is back », tel est le slogan de sa grande tournée, qu’il nous offre juste pour le plaisir de parcourir en bonne compagnie. Son groupe de fidèles The Organization auquel s’ajoute la chanteuse Tamara Tramell. Les plus belles pages d’une vie passée à poser des accords majeurs sur la gamme mineure. On ne fête pas tous les jours un demi-siècle de carrière.
Lucky Peterson à Saint-Nazaire – blues VIP, Saint-Nazaire
Jeudi 14 mars – 21h
Abonnés 18€ / réservation 20€ / sur place 23€