Lorsque l’Éclaireur fait des miracles, ou comment on peut manipuler l’information. Dans la dernière édition, le journal titre « Emmanuel Macron rencontre Alain Hunault au Congrès des maires de France » :
Dans le même temps, autre journal du même groupe, et non des moindres, Ouest-France, lui-même affiche dans la rubrique politique » Absence d’Emmanuel Macron au Congrès des maires de France »…
Effectivement, le Président de la République ne s’est pas rendu cette année au Congrès des maires de France. Par conséquent, la probabilité qu’Emmanuel Macron vint à la rencontre d’Alain Hunault, semble assez faible. Mais l’Éclaireur, par la voix de sa journaliste, nous vend ce rêve à quelques semaines de Noël. Et c’est cela qui est beau.
Les faits, rien que les faits
Le maire de Châteaubriant était bien présent à l’Élysée, comme des centaines d’autres élus. Il a rencontré le Président de la République, comme les autres élus. La photographie, de piètre qualité, issue d’un portable a été prise par une relation et non par le photographe officiel de la présidence. Cela fait penser à la groupie qui tente d’approcher sa vedette. Un selfie, et hop, on diffuse partout.
L’agenda officiel de l’Élysée ne mentionne à aucun moment, une rencontre protocolaire entre le chef de l’État et Alain Hunault.
Ici nous nous intéressons aux faits et nous nous rendons sur le site de l’Élysée. A la date du mercredi 22 novembre 2023, comme chacun peut consulter, on voit, des dizaines d’élus conviés que la webcam nous montre, entrant au palais de l’Élysée.
Le site de la présidence de la République indique :
« Le Président de la République a présenté les attendus de la mission confiée à Éric Woerth sur la décentralisation, la clarification des compétences dévolues aux strates territoriales, la simplification et la déconcentration qui visent à rendre plus simple, plus lisible et plus efficace l’action publique locale et à renforcer le lien entre les citoyens et leurs élus. »
L’Éclaireur fait la propagande de la municipalité
L’Éclaireur, hebdomadaire de province, perd chaque année des lecteurs sur son édition papier (chiffres APCM). Pour éviter la catastrophe, le journal est désormais placé dans le giron d’Actu .fr, une filiale du groupe Sipa Ouest-France. Un groupe qui, sur l’ensemble de l’hexagone, rassemble un peu moins d’une centaine de titres.
Pour subsister, l’Éclaireur accumule les titres aguicheurs, trompeurs. Peu importe la réalité des faits, ce qui compte, c’est que l’internaute clique sur le lien et arrive sur une page, où, en moyenne, on trouve 23 modules publicitaires. On grossit les faits pour accoucher d’une souris.
Dans le cas de l’hebdomadaire de Châteaubriant, le rédacteur en chef et actionnaire du journal, a longtemps été… le beau-frère du maire.
Les temps ont bien changé ? Pas vraiment. Aujourd’hui, le conseiller municipal, adjoint à la « communication », Jean-Luc Marsollier, retraité est un ancien pisse-copie de ce même hebdomadaire. Autant dire combien la cloison est poreuse entre l’Éclaireur et le cabinet du maire de Châteaubriant. D’autres journalistes quittaient les bureaux de l’Éclaireur, et se retrouvaient au service communication de la ville ou de la comcom.
La promotion de la municipalité, c’est la peur de se voir supprimer le budget publicitaire. C’est que le maître des lieux décide du budget publicitaire de la com com, de la ville, de la société hippique,…
Une enquête sérieuse parue au début de l’année 2023 chez nos confrères d’Arrêt sur Images montre les méthodes employées par les hebdos de province regroupés sous la bannière actu .fr. » Les journalistes lessivés par la course au clic », un dossier largement documenté.