Le Voyage à Nantes : Les tramways de Chourouk Hriech sont à découvrir sur les lignes 1&3.
Formée à l’École des Beaux-Arts de Lyon, Chourouk Hriech pratique, depuis le début des années 2000, le dessin exclusivement en noir et blanc. C’est comme une promenade dans l’espace et le temps. Ses œuvres appellent à la contemplation d’architectures anciennes et récentes, réelles et imaginaires, de personnages, d’animaux, de végétaux et de chimères qui peuplent un monde toujours en mouvement, traversé de flux.
Arpenteuse du monde, Chourouk Hriech l’observe toujours appareil photo en main et les sens en éveil. Elle collecte les données d’un territoire par des prélèvements photographiques de son habitat, sa population, de ses essences de végétaux et d’animaux, de la lumière qui l’irradie, des sons qui l’habitent. De ces quantités de documents témoins, Chourouk Hriech en extrait des données graphiques et sensibles. Elle y adjoint des images tirées de recherches documentaires. Puis, elle compose un récit dessiné d’un territoire à travers le filtre du souvenir de la déambulation. Des fantasmes et rêves que le lieu lui inspire.
Les « Rumeurs de la route »
Cette vision subjective et inattendue d’un territoire se découvre dans ses dessins comme un cheminement au sein d’une cartographie imaginaire. Des strates de temps, d’espaces, de formes s’enchevêtrent. Des plans se superposent, des angles se démultiplient, les échelles se dilatent. Et des images jaillissent créant des compositions hybrides incitant au voyage, à la rêverie, à l’imaginaire, et la déambulation.
Dans ces « Rumeurs de la route » – comme l’indique le titre italien Voci della Stradachoisi par l’artiste pour ce projet -, Chourouk Hriech conte sa découverte de Nantes à travers les rencontres réelles qu’elle y a faites. Elle choisit explicitement quelques références architecturales et urbanistiques de la ville. Les bâtiments emblématiques, friches, univers portuaire et maritime, essences végétales et tout ce que lui inspire.
« J’aime pratiquer et observer les paysages qui s’offrent à moi, du bas comme du haut. La question du point de vue m’est essentielle, tout comme les différents points d’ancrages du regard qui mettent en route les moteurs de ma pensée. Dans mes dessins j’aime révéler les traces visuelles d’une urbanité en mutation et l’inconscient des villes, tout ce qui les a faites ou les faits, avant, avec et sans nous. Pour ce projet Voci della strada j’ai conçu une œuvre itinérante dessinée, nourrie de mémoires et d’images empruntées aux différents lieux de la ville et d’ailleurs, pour mieux les restituer dans des cohabitations insolites de figures et de formes. J’espère qu’une espèce de magie du réel s’immiscera le temps du passage d’un tram ou deux dans l’imaginaire des usagers comme des passant.e.s. »