Le Prix d’une vie : un documentaire sur les violences sexuelles dans l’Église. à l’âge de neuf ans, Raymonde et Marie-Pierre ont été violées par leur instituteur, un religieux. C’était à l’école primaire de Loctudy, Finistère. Ce même Frère enseignant avait déjà agressé ses élèves à Issé, près de Châteaubriant, Loire-Atlantique. Puis à Chavagnes-en-Paillers, commune tranquille de Vendée, ce sont de nombreux prêtres qui ont abusé de dizaines d’enfants.
Infrarouge
Mardi 5 décembre à 22.45 sur France 2
Le 27 novembre dernier au Vatican, le pape François recevait pour la première fois, un collectif de victimes françaises. Parmi elles figurent les principaux témoins du film. Leur laissant la parole, le documentaire les suit pas à pas, de leur prise de conscience des violences subies jusqu’au processus de réparation.
Le prix d’une vie raconte leur combat personnel et la solidarité au sein du collectif le plus actif de France.
Quel est « le prix d’une vie » ?
Après cinquante ans de silence, d’anciennes victimes de violences sexuelles dans l’Église trouvent ensemble la force de parler. Dans l’ouest de la France, au sein du collectif le plus actif de France, des hommes et des femmes qui ont décidé de mettre fin à des décennies d’omerta se battent pour que ces crimes soient reconnus par l’Église, se battent pour obtenir réparation.
Depuis la remise du rapport de la Ciase en octobre 2021, estimant à 330 000 le nombre de victimes au sein des institutions catholiques en France depuis les années 1950, l’Église, qui a reconnu sa responsabilité et le caractère systémique des violences sexuelles a entamé un processus de réparation et d’indemnisation des victimes. Mais comment évaluer de tels préjudices ? Comment chiffrer les indemnisations de victimes ? Quel est « le prix d’une vie » ?
Le film raconte le parcours de Raymonde, Marie-Pierre, Ghislaine, Jean-Pierre F., Gérard et Jean-Pierre S., de la première prise de parole aux innombrables démarches auprès des institutions, jusqu’au chiffrage de leur indemnisation. Tous ont le courage et la générosité de partager avec une grande sincérité ce moment de vérité et d’humanité. Tout en finesse, le film restitue leur cheminement. Pour tous, il s’agit surtout de tourner la page, d’en finir avec leur colère et leur statut de victime. Il s’agit aussi de faire mémoire, et de protéger les générations futures.
Note d’intention des réalisateurs
Bernadette Sauvaget :
N’a-t-on pas déjà tout écrit, tout raconté, tout filmé des violences sexuelles commises dans l’Église catholique ? Il faut toujours se méfier des premières impressions. Cette histoire-là est, en fait, à un nouveau tournant.
Après le déni de ces trente dernières années, l’heure est à la reconnaissance et à la réparation, si faire se peut, de ce crime de masse. Nous avons longuement rencontré des femmes et des hommes, à l’automne de leur vie, qui marchent ensemble pour tenter d’obtenir justice. Nous avons partagé avec eux ce moment crucial d’un parcours de vie chaotique et douloureux. Au plus près des battements de l’existence, nous racontons cette histoire.
Olivier Lamour :
Ce film est celui de Raymonde, Marie-Pierre, Ghislaine, Jean-Pierre F., Gérard,Jean-Pierre S. et de quelques autres qui nous ont accordé leur confiance, nous ont ouvert leurs portes et ont partagé avec nous leurs émois pendant les deux années de leur « parcours », depuis leur première prise de parole jusqu’à son « dénouement ».
Deux années particulièrement intenses, avec des hauts, des moments de magnifique fraternité, de chaleur humaine, de dépassement de soi, mais aussi d’insondables gouffres qui s’ouvrent encore et encore, et de difficultés nouvelles qui surgissent avec les autres, la famille, le collectif, les institutions, et, plus douloureux encore, avec soi-même.
Très peu d’interviews, presque pas de commentaire, nous avons laissé toute leur place à ces moments de vie offerts, d’une exceptionnelle densité. En partageant leur chemin, Raymonde, Marie-Pierre, Ghislaine, Jean-Pierre F., Gérard et Jean-Pierre S. forcent l’admiration et nous donnent une magnifique leçon de vie. Le prix d’une vie est un film d’espoir, qui conforte la foi… en l’humanité.