Le Musée d’arts de Nantes acquiert Physique amusante de Pierre Roy (1880-1950), huile sur toile de 1929. L’œuvre était récemment présentée au Musée d’arts de Nantes lors de l’exposition Le Voyage en train. (21 octobre 2022 – 5 février 2023).
Cette acquisition vient ainsi renforcer par une toile majeure un corpus d’œuvres de l’artiste conservé au musée, composé de huit peintures et cinq œuvres sur papier.
Le peintre surréaliste nantais
Soutenu avant la Grande Guerre par Guillaume Apollinaire qui écrit en 1913 une critique élogieuse des Filles sauvages (collection du Musée d’arts de Nantes), Pierre Roy fait surtout son entrée dans l’histoire du surréalisme en 1925. L’artiste présente son travail aux côtés de celui de Jean Arp, Giorgio de Chirico, Max Ernst, Paul Klee, André Masson, Joan Miró, Pablo Picasso et Man Ray lors de la première exposition consacrée à « La Peinture surréaliste », à la galerie Pierre, en novembre 1925.
Une exposition monographique lui est consacrée, toujours à la galerie Pierre, en 1926, préfacée par Louis Aragon. En 1936, il est présenté dans l’exposition « Fantastic Art, Dada, Surrealism » au MoMA parmi les « artistes indépendants des mouvements dada et surréaliste. »
Physique amusante marque un tournant majeur dans la carrière de l’artiste. La toile est en effet exposée en 1930 à la Biennale de Venise, première manifestation internationale de l’artiste, tandis que Pierre Roy fait l’objet d’une première exposition américaine, à la Brummer Gallery de New York.
Le Musée d’arts de Nantes acquiert Physique amusante de Pierre Roy
Dans une traduction picturale illusionniste qui devient caractéristique de Pierre Roy, dont les prémices sont lisibles dès 1919 dans Adrienne pêcheuse (collection du Musée d’arts de Nantes), Physique amusante réunit dans une chambre/boîte ouverte sur un paysage des objets disparates. Ainsi, chapelet d’œufs, billet manuscrit, serpentin de papier, roseau coupé, roue solitaire et au loin, une locomotive à vapeur traverse l’espace visible depuis la porte ou la fenêtre.
L’ensemble interpelle, à la manière d’un rébus dont le sens nous échappe. La juxtaposition d’éléments liés à la vitesse et à la technologie (roue, train, vapeur) et d’éléments organiques liés au cycle de la vie (œufs, serpentin de papier, champs de blé) se confrontent. Ils paraissent évoquer une certaine immobilité subie, voire forcée. Le serpent de papier est fixé au sol par des épingles. La roue est rendue immobile sans le percement d’un moyeu. Les œufs sont sans doute vides. Le paysage est baigné d’une atmosphère de plein été.
Première apparition du motif de la roue dans le travail du peintre, ce tableau témoigne de l’affection que Pierre Roy porte pour cet objet provenant de sa collection personnelle de chefs-d’œuvre de Compagnons. L’artiste réitère aussi l’association de l’œuf suspendu, seul ou en chapelet, avec des artefacts de la maîtrise du temps et de l’espace dans plusieurs toiles de la même période.
Appareil de téléphilie (1929, collection du Musée de Grenoble), L’Heure d’été (1929, collection du MoMA), mais aussi Électrification des campagnes (1930, collection du Wadsworth Atheneum, Hartford), première œuvre de Pierre Roy acquise par un musée américain.
Pierre Roy (Nantes, 1880 – Milan, 1950), Physique amusante, 1929. Huile sur toile. Acquisition du Musée d’arts de Nantes en 2023. © Sotheby’s / Art Digital Studio.