Le commanditaire des incendies des magasins Poêles & Cie à Châteaubriant et Redon continuerait à orchestrer ses méfaits depuis sa cellule
Un homme de main du commanditaire présumé des incendies des enseignes Poêles & Cie de Redon (Ille-et-Vilaine) et Châteaubriant (Loire-Atlantique) a été maintenu en détention provisoire, ce vendredi 24 novembre 2023, alors que de nouveaux faits auraient été organisés depuis la maison d’arrêt.
Pour rappel, dans cette affaire, un premier magasin de l’enseigne avait été incendié dans la nuit du 20 décembre 2022 à Bain-de-Bretagne (Ille-et-Vilaine). Le lendemain, c’est un autre cette fois-ci à La Mézière (Ille-et-Vilaine) qui avait été calciné.
Deux autres tentatives avaient ensuite été commises à Châteaubriant les 25 et 28 décembre 2022, mais les agents de sécurité étaient parvenus à « mettre en fuite deux individus ». La porte arrière du magasin avait été « fracturée avec un pied de biche », avait-il été dit lors d’une précédente audience, et « un bidon rempli d’essence » avait été retrouvé.
Le « co-gérant » du magasin de La Mézière avait alors indiqué aux enquêteurs que ses « soupçons » se portaient sur ce couple de Guichen (Ille-et-Vilaine) puisque « un litige commercial » les opposait. Les suspects avaient en fait refusé de s’acquitter d’une facture de « 7.000 € » après avoir commandé « un poêle à granulés »...
Des faits de Concarneau à Guérande
Un boulanger de Retiers avait confirmé par la suite aux enquêteurs avoir lui-même subi « un certain nombre de désagréments » de la part de ce couple à qui « il avait loué un appartement » et qui aurait laissé « 11.000 € » de loyers impayés. Quentin XXX et Élodie XXX avaient donc été incarcérés en janvier 2023. Au total, seize personnes ont ainsi été mises en examen dans cette affaire.
Mais de nouveaux incendies et dégradations avaient néanmoins été perpétrés. Le 11 mars 2023, la porte du magasin de Châteaubriant avait été de nouveau « fracturée » et « un départ de feu » constaté. A Redon, quatre jours plus tard, « deux individus dissimulés derrière une haie » avaient été « mis en fuite » alors que « des traces d’hydrocarbures » étaient au sol.
En mai 2023, le « co-gérant » de l’une des enseignes avait été ciblé à son propre domicile où « des mégots de cigarettes » avaient été découverts ainsi que « quatre ADN » à proximité d’une voiture incendiée. Puis, l’alarme incendie du magasin de Redon s’était déclenchée le 12 mai 2023.
Des « rapprochements » ont aussi été faits par les enquêteurs avec « d’autres faits » datés de 2022, et notamment l’incendie de l’enseigne Yesss électrique à Concarneau (Finistère) ainsi que « des dégradations sur un véhicule » à Guérande (Loire-Atlantique). A Concarneau, le gérant avait évoqué un litige à « 26.000 € » avec une société « dont la responsable est Elodie XXX », la femme de Quentin XXX, après des « malfaçons » constatées sur un chantier commun. Sur un plan judiciaire « plusieurs réquisitions supplétives » sont d’ailleurs intervenues ces derniers mois, a-t-il été dit lors de l’audience.
Le couple dénoncé par certains hommes de main
Quentin XXX est aussi dans le viseur de la justice pour des faits à l’encontre d’un voisin parce que « leur chien avait tué toutes les poules du quartier ». Le suspect avait alors menacé de « mettre le feu à sa maison ». Le « salarié au black » de son entreprise de rénovation énergétique, Marco XXX, avait aussi indiqué aux enquêteurs que son patron « faisait des travaux chez les gens » avant d’envoyer « des gens pour les casser » pour qu’ensuite « les gens le rappellent » !
L’instruction se poursuit donc actuellement, mais les investigations ont permis de comprendre que Quentin XXX est aujourd’hui soupçonné d’avoir commandité ces nouveaux faits depuis sa cellule, avec l’aide de son co-détenu Émile XXX.
L’ADN de ce Gitan bien connu de la justice a en effet été découvert à Redon. Il aurait aussi « mis à disposition des téléphones » en prison pour Quentin XXX. Cet homme, qui a été condamné en mars 2023 à cinq ans de prison pour s’être fait passer pour un policier auprès de ses victimes pour les cambrioler, est donc désormais mis en examen dans ce dossier.
Les langues se sont donc un peu déliées depuis le début de l’enquête. « Il y a ceux qui ne reconnaissent pas, ceux qui reconnaissent leurs participations et ceux qui désignent le couple », a-t-il été résumé lors de l’audience publique de la chambre de l’instruction de la cour d’appel de Rennes, ce jeudi 23 novembre 2023.
Un dossier d’une particulière gravité
Un homme a reconnu qu’on lui avait « proposé de l’argent » pour dégrader « une boulangerie » parce que Quentin XXX avait confié « vouloir faire des crasses au boulanger parce qu’il ne l’aimait pas », a-t-il été rapporté lors de cette audience où le « salarié au black » du principal intéressé demandait à son tour sa remise en liberté.
Mario XXX, 20 ans, est précisément soupçonné d’avoir « rendu quelques services » à Quentin XXX, souscrit à « des abonnements téléphoniques », « loué des véhicules » pour son compte et d’être allé « vérifier s’il y avait eu des dégradations ».
Mais cela s’est fait « postérieurement aux faits » d’incendies criminels, avait fait remarquer son avocat Me Gauthier Rollandin, pour soutenir la demande de remise en liberté de cet homme qui n’a « aucune raison de partir et de s’enfuir ».
Mais l’avocate générale avait elle souligné la « particulière gravité et complexité de ce dossier d’incendies séries découverts au fur et à mesure des investigations ». Le préjudice s’élève désormais à près de cinq millions d’euros, avait-il en effet été dit au cours de l’audience. Dans ces conditions la détention de Mario XXX n’est donc « pas infondée et proportionnée ». Finalement, la chambre de l’instruction s’est rangée à son avis et l’a maintenu en détention.
Le commanditaire des incendies des magasins Poêles & Cie à Châteaubriant et Redon continuerait à orchestrer ses méfaits depuis sa cellule est un compte rendu d’audience de l’agence de presse./CB (PressPepper)