La « marche des portraits » à Bayonne, dimanche 25 août.
Plus de 900 personnes pour la « marche des portraits » pour le climat au cœur de Bayonne. Et ce malgré l’interdiction de manifestation, cause de G7 à Biarritz. A 10h du matin, des portraits officiels du président Macron réquisitionnés dans tout l’Hexagone ont surgi dans le centre ancien de Bayonne. Une conférence de presse a dressé un bilan sévère de la politique climat du gouvernement Macron. Elle a dénoncé le fossé immense entre ses discours internationaux sur le climat et ses décisions concrètes en France. Un grand nombre de journalistes, dont beaucoup de médias étrangers, ont couvert la marche et la conférence de presse donnée par plusieurs personnalités et spécialistes du climat. Bizi et ANV-COP21 ont en outre réussi une seconde action à Espelette, village basque visité ce même dimanche par les conjointes des 7 chefs d’État.
Ce dimanche 25 août, le G7 entamait sa seconde journée à Biarritz. A quelques kilomètres de là, dans la ville voisine de Bayonne où toute manifestation était interdite, une marche des portraits de Macron a démarré dès 10 h du matin.
Plus de 900 personnes ont bravé l’interdiction et déambulé dans les rues du centre ancien.
Beaucoup d’entre elles tenaient sous le bras un tableau emballé. Parmi eux, des peintures de fleurs ou de paysages, et des reproductions de Van Gogh ou de Picasso. Mais également des tableaux officiels du président Macron décrochés dans diverses mairies de France et de Navarre ces derniers mois.
Dans le Petit et le Grand Bayonne, des fenêtres se sont ouvertes à 10h et des crieurs ont indiqué aux marcheurs vers où converger. Les premiers portraits de Macron apparaissent, tenus à bout de bras par des marcheurs ou des marcheuses. Ils sont brandis à l’envers, le président Macron tête en bas, pour montrer que sa politique va à l’inverse de l’impératif climatique. Une manifestation compacte se forme et défile dans le Petit Bayonne aux cris de “Et un, deux, trois degrés, c’est un crime contre l’Humanité”, “Les petits pas, les petits pas, ça suffit pas”, “Alda sistema, ez klima” (“Changeons le système pas le climat” en basque) etc.
Conférence de presse géante
La marche s’est terminée sur la place Paul-Bert à 10h30, devant une conférence de presse tenue sur des tables ornées d’une banderole disant « Macron, champion du climat bla bla.»
L’écrivaine altermondialiste Susan George. Le directeur de Greenpeace France Jean-François Julliard. Esther Bernard, Cécile Marchand et Pauline Boyer. Respectivement porte-paroles de Youth For Climate, ANV-COP21 et Alternatiba dénoncent devant la presse locale, hexagonale et internationale les différentes décisions du gouvernement Macron. En complète contradiction avec les déclarations du soi-disant « champion mondial du climat.» Et même avec les objectifs de l’Accord de Paris sur le climat. La conférence de presse a été introduite par Eneko Bellan et Élodie Nace, les deux activistes de Bizi et d’ANV-COP21 qui ont décroché le 128e portrait de Macron ce vendredi 23 août, veille de l’ouverture du G7, dans le village basque d’Irissarry, alors même que 13 200 policiers et gendarmes quadrillent la région.
Derrière ces personnalités qui prenaient la parole, d’autres [1] tenaient 7 portraits de Macron (allusion ironique au G7). Celui décroché le 21 février dans la mairie de Biarritz, ville accueillant le G7. Celui de la mairie d’Espelette, ville visitée ce dimanche par les conjointes et conjoints des 7 chefs d’État. Et celui décroché la veille de l’ouverture du G7 dans le village basque d’Irissarry. Ceux de Lyon, Paris et Orléans, autant d’actions qui feront l’objet de procès ces 2, 11 et 13 septembre. Et un portrait enlevé pour protester contre le projet autoroutier GCO dans la région de Strasbourg.
La France décroche de ses objectifs climatiques
Comme l’a récemment rappelé le Haut Conseil pour le climat, la France décroche de ses objectifs climatiques. Un fossé sépare les grandes déclarations d’Emmanuel Macron sur la scène internationale de ses actions concrètes pour réduire les émissions de gaz à effet de serre. Les décisions contraires à la lutte contre le dérèglement climatique s’enchaînent depuis son élection. Ratification du Ceta, refus d’adopter des mesures ambitieuses pour accélérer la rénovation des logements dans la loi énergie-climat. Autorisation donnée à Total pour reconvertir la raffinerie de la Mède en bioraffinerie à l’huile de palme. Refus de taxer le kérosène et de réguler le trafic aérien. Et suppression des lignes ferroviaires comme la liaison Perpignan-Rungis et les trains de nuit…
Cécile Marchand, d’Action non-violente COP21, le mouvement ayant lancé la campagne #DécrochonsMacron, affirme : « Nous sommes très loin des objectifs de l’Accord de Paris. La politique réelle du gouvernement français et des autres pays riches du G7 nous mène tout droit vers un réchauffement climatique de +3 voire +4 degrés. Synonyme de véritable chaos au niveau mondial. M. Macron ne fait plus illusion. Quand on est à la fois pompier et pyromane, on n’est pas crédible ».
A la fin de la conférence de presse, les portraits du président Macron ont été à nouveau recouverts de papier kraft. Leurs porteurs et porteuses se sont mêlés à la foule et aux centaines d’autres tableaux emballés. Puis les gens sont partis en grappes dans toutes les directions. Afin de rendre plus difficile à la police, présente dans diverses rues du centre ancien de deviner où étaient ramenés les portraits présidentiels tant convoités.
La « marche des portraits » à Bayonne et une seconde action à Espelette
Au même moment, à Espelette, alors que les conjointes des chefs d’État se promenaient dans la rue principale d’Espelette, une banderole signée Bizi et ANV-COP21 a été déployée d’une fenêtre de la maison située juste en face du magasin d’espadrilles Zango Arin, où Brigitte Macron, Melania Trump et les autres s’apprêtaient à rentrer. On y lisait le texte “Macron champion du climat bla bla !”.
La politique climat de Macron en procès
Des militants réquisitionnent 128 portraits officiels du président Macron ces derniers mois dans la perspective de la tenue du G7 à Biarritz. Et ce afin de dénoncer le décrochage des objectifs de la COP21 par le gouvernement Macron. Cela occasionne pour le moment la convocation de 17 procès où comparaitront 57 activistes. La plupart militant au mouvement ANV-COP21 créé en 2015. Malgré cela, la campagne devrait poursuivre plus que jamais dans les prochaines semaines et mois. ANV-COP21 annonce son intention de transformer chacun de ces moments en procès de l’inaction climatique du président Macron.
[1] Les portraits étaient tenus par :
Marie Toussaint, fondatrice de NAAT à l’origine de l’Affaire du Siècle et eurodéputée EELV. Barbara Romagnan, militante féministe, Génération.s. Khaled Gaiji, président des Amis de la Terre. Nicolas Girod, porte-parole de la confédération paysanne. Raphaël Pradeau, porte-parole d’Attac. Laura Morosini, Chrétiens Unis pour la Terre. Mertxe Colina, personnalité du Pays Basque.