Inovalys : un laboratoire public qui anticipe.
Ce laboratoire, est en fait un groupement de laboratoires départementaux d’intérêt public. Il intervient dans des domaines divers : analyse alimentaire, œnologie, santé animale, cosmétique, environnement et analyses d’eau.
Inovalys n’est pas responsable des analyses effectuées en routine pour contrôler les usines de traitement de l’eau, mais il va pouvoir désormais intervenir pour résoudre d’éventuels problèmes complexes qui peuvent intervenir dans une surveillance globale du cycle de l’eau.
Un exemple concret : l’eau du robinet
Vérifier la potabilité de l’eau n’est pas une mince affaire dans notre département : la Loire est bue, après traitement, par une bonne partie des habitants de Loire Atlantique, près des deux tiers.
Et un fleuve, ce n’est pas une nappe phréatique profonde qui rassure tout le monde par ses capacités de stockage et une eau en général de meilleure qualité.
Non, et depuis peu, cette Loire a commencé à nous chagriner ces derniers étés. Son niveau a baissé à tel point que Nantes a été menacée de manquer d’eau potable !
Et importer de l’eau potable paraît très difficile pour une grande agglomération ! Les élus sont parfaitement conscients de ces difficultés à venir, et d’importants travaux sont en cours.
10 000 micropolluants répertoriés
La deuxième grande difficulté est, que cette eau peut contenir de nombreuses molécules indésirables qui se concentrent lorsque l’eau vient à manquer en période de chaleur. (Médicaments, pesticides, rejets industriels)
Dans la nature, les scientifiques estiment de l’ordre de 100 000 le nombre de micropolluants de tous ordres ! 10 000 sont répertoriés.
Pas question de les dépister tous, encore moins de les doser !
Et petit souci : même si par exemple 100 polluants existent sous forme de traces infimes, qui nous dit que la somme de ces mini traces a un impact nul sur le monde vivant ?
Depuis quelques années, cet hypothétique effet a été nommé « effet cocktail ».
Une société vendéenne « Tame water » a été créée pour développer les moyens de traquer cet « effet cocktail », et c’est cette société qui vient de rejoindre Inovalys, un transfert de savoir-faire.
L’eau soumise aux bioessais
L’eau est mise en contact avec des cultures d’êtres vivants divers. Des bactéries, des levures, des champignons, des algues, des cellules humaines, des unicellulaires.
Ce sont des bioessais : si l’eau réussit tous ces examens, on peut raisonnablement penser qu’elle est potable ! En tout cas, on peut affirmer qu’elle n’est pas toxique…
Si un bioessai est négatif (pousse difficile ou nulle) les scientifiques peuvent poursuivre leurs investigations par des analyses physico chimiques pour déceler les molécules gênantes.
Ces bioessais sont loin encore d’être généralisés en Europe, mais notre région en a saisit tout l’intérêt. L’eau du robinet restera ainsi l’aliment(*) le plus contrôlé, avec des exigences les plus grandes.
Les bioessais sont donc utilisés pour tester la qualité de l’eau dans les rivières, les lacs, les réserves d’eau potable ou les effluents industriels. Ces tests aident à surveiller la conformité aux réglementations environnementales, et donc aussi à prévenir de la présence de ces nombreux micropolluants non suivis.
En somme, Inovalys est un laboratoire public prévoyant, qui va au delà des réglementations en vigueur, pour l’intérêt de tous !
(*) : La somme des pesticides ne peut dépasser 0,5 microg/litre pour l’eau, mais 10 microg/kilo pour les aliments. Pour un pesticide donné, la borne peut être sévère pour l’eau, par exemple 8 ng/l, et passer à 800 ng/l pour un aliment solide …(l’aldrine en l’occurence).
Inovalys est le regroupement de 6 laboratoires publics des départements du Maine-et-Loire, de Loire-Atlantique, de la Sarthe, d’Indre-et-Loire et du Morbihan.
Guy Grandjean est biologiste et auteur de plusieurs livres.