Samedi matin 27 avril 2024 étaient réunis au site des Forges de Moisdon-la-Rivière, élus, anciens combattant et gens du voyage. Marc Makhlouf, sous-préfet de Châteaubriant-Ancenis présidait la cérémonie en mémoire des personnes qui furent internées ici entre 1939 et 1942.
Le Parti Communiste Français, la CGT, et les membres du Comité du souvenir des fusillés de Châteaubriant et Nantes sont présents pour honorer la mémoire des victimes du régime de l’époque.
« Faire mémoire »
En saluant les élus venus à la commémoration de ce samedi 27 avril, Christophe Sauvé, secrétaire départemental des gens du voyage insiste sur l’importance de se souvenir. Une stèle en schiste_ œuvre de Brieuc Ségalen_ est installée depuis 2019 seulement.
Depuis vingt ans l’association départementale des gens du voyage s’attache à faire vivre la mémoire de ce lieu.
Par une directive du ministre de l’Intérieur aux préfets, du 3 septembre 1939, il est décidé d’installer ces réfugiés dans des camps, et de faire appel à eux en tant que main d’œuvre forcée dans le domaine agricole.
En Loire-Inférieure, plusieurs sites sont choisis pour accueillir cette population : Ancenis, le village de Ruigné en Juigné-les-Moutiers, et la Forge-Neuve en Moisdon-la-Rivière.
A Moisdon-la-Rivière, la Forge-neuve accueille les réfugiés républicains et anarchistes Espagnols, dès le mois de mai 1939. Pourtant, le maire de Moisdon-la-Rivière, Paul Ginoux-Defermon, est très hostile à cette installation. Cependant il n’a pas eu le choix, car ces réfugiés sont vus partout comme des indésirables. Le propriétaire de la Forge-neuve, monsieur Michau, accepte finalement, le 25 mai 1939, de louer le site pour la somme de 1000F.
Le 27 mai 1939, le Journal de Châteaubriant annonce l’arrivée de 500 réfugiés Espagnols qui « vont trouver asile dans les bâtiments des forges de Moisdon ».
En octobre 1939, 688 réfugiés sont recensés à la Forge-neuve. Ces 688 personnes sont essentiellement des femmes et des enfants. Avec le début de la Seconde Guerre mondiale, et l’entrée en guerre de la France, ces réfugiés Espagnols sont transférés hors du camp, ou rapatriés.
L’internement des Tsiganes
En France, dès novembre 1938, avant la guerre, les préfets peuvent interner les étrangers par le biais d’une législation d’exception. Le premier camp d’internement de ce type ouvre en janvier 1939 à Rieucros, en Lozère.
A leur arrivée en France, les nomades se réfugient sur la côte, où à proximité des frontières. En Loire-Inférieure, les Tsiganes sont concentrés essentiellement dans le secteur de Saint-Nazaire. Le préfet maritime invoque alors ce texte de novembre 1938 pour les éloigner et les assigner à résidence dans quelques camps de l’intérieur : le camp de la Tangourde à Ruigné en Juigné-les-Moutiers, et la Forge-neuve.
Par le décret-loi du 6 avril 1940, Albert Lebrun, président de la République Française, décide que les Tsiganes n’ont purement et simplement plus le droit de circuler sur l’ensemble du territoire métropolitain, et qu’ils doivent obligatoirement être astreints à résidence sous la surveillance de la police.
Le 17 juin 1940, les armées Allemandes gagnent Châteaubriant. Le frontstalag 183 se met en place dans la ville avec quatre camps : Choisel, au nord, le Moulin Roul, à l’est, sur la route de Soudan, la Ville en Bois, dans le stade du même nom, au sud, et la Courbetière, au sud-ouest. Le 25 octobre 1940, l’administration, par le biais du sous-préfet de Châteaubriant, réquisitionne le site .
Le 11 novembre 1940, les premiers nomades arrêtés en Loire-Inférieure et dans les départements voisins sont internés à la Forge-neuve. Au premier janvier 1941, ils sont 285 à être internés ici, pour un camp ayant une capacité estimée à 320 places, mais au fil du temps, ce nombre augmente pour dépasser 320 places prévues au départ. Au début, une partie des nomades (116 personnes) vient d’un camp provisoire, installé près de Pontivy.
Un très grand merci à Ronan Pérennes, professeur d’histoire à Châteaubriant et auteur d’un ouvrage consacré au camp de Moisdon-la-Rivière.
Plus récemment, Louis Poulhès, historien, était présent à la médiathèque de Châteaubriant pour présenter son ouvrage sur les camps de Châteaubriant et de Moisdon-la-Rivière.