Claire Jouët dirige les sites de la Coupe du monde de rugby à Nantes. Elle nous a accordé quelques instants dans son planning chargé. Alors que pour beaucoup, la période juillet-août est synonyme de vacances, pour Claire Jouët et ses équipes, c’est la dernière ligne droite.
Bonjour Claire, votre fonction est directrice des sites ?
Ah oui, il y a un site, un stade pour jouer la Coupe du Monde de Rugby. Mais des sites c’est pour accueillir des équipes et tous les publics qui doivent travailler. C’est en fait des dizaines de sites qu’il faut préparer et organiser. A commencer par des accueils en gare et en aéroport. Chaque équipe qui vient sur le territoire, c’est un stade, une piscine, une salle de musculation et une salle de gym. Quand on a un weekend avec deux matchs, c’est à dire 4 équipes, vous multipliez tout ça par quatre.
Et puis sous notre responsabilité sont installés les Argentins à La Baule et les chiliens à Perros-Guirec puisqu’on travaille également sur le territoire de la Bretagne. Et cela, ça démultiplie évidemment tous les équipements qu’il faut gérer pour eux. Ca démultiplie aussi les gares et les aéroports pour leurs dessertes. Et vous rajoutez à tout ça, évidemment les hôtels pour les accrédités, pour les officiels, les arbitres. Et puis il y a les infrastructures pour qu’ils puissent s’entrainer.
Vous arrivez à plusieurs dizaines d’équipements qu’il faut préparer, mettre aux couleurs de la Coupe du Monde, gardienner, surveiller gérer. Et voilà, et donc c’est ça notre métier.
Quatre matchs se joueront ici, au stade de la Beaujoire, pouvez-vous nous parler de la typologie des gens qui ont déjà réservé ?
Oui alors la jauge comme on appelle ça dans le jargon, c’est la jauge, la capacité de l’accueil de spectateurs et pour le rugby, elle est à 33000 places…
Un petit peu moins que le football. Parce qu’il y a les premiers rangs qui n’ont pas une bonne visibilité. Ou alors quelques tribunes qu’on transforme pour accueillir des médias justement. Donc on limite. Ça fait perdre un petit peu de place. On est à peu près à 2000 places de moins que le football.
Mais qui sont qui sont les gens qui vont occuper ses sièges ? Et bien à 40 % ce sont des étrangers. Et dans ces 40 % d’étrangers, une surreprésentation venue de la Grande-Bretagne. Beaucoup d’Anglais même si ils ne jouent pas à Nantes, ils viennent. Je crois qu’ils viennent partout où il y a du rugby donc et particulièrement dans l’Ouest. Donc ils seront là mais aussi évidemment des Gallois et des Irlandais puisqu’ils jouent ici. Et puis évidemment les 60 % qui restent, des publics français, donc c’est un public qui est complètement différent de celui qu’on connait pour un match de foot.
La plupart ne connaîtront pas le stade et ne sont pas du tout des habitués, ils viennent découvrir. Ils viennent pour une offre différente et nouvelle. Et bien, on se réjouit de faire découvrir la Coupe du monde à tous ces nouveaux publics qui viennent d’un petit peu partout. De la région de Brest à Poitiers, de l’étranger et puis d’autres villes. Parfois on a des publics qui vont suivre également les équipes de ville en ville.
Le public du rugby n’est pas celui du football ?
Oui alors, c’est vrai que le rugby a ses spécificités. C’est un public qui est extrêmement bon enfant. Traditionnellement, ce sont dans les règles installées comme ça. Il y a pas de grille séparative. On n’a pas besoin de séparer les visiteurs. On a pas de parquage visiteurs comme on fait au football. Le public est assis, il n’est pas debout. Donc ça fait retirer un certain nombre de barrières partout dans le stade.
Et puis surtout le public n’est pas divisé entre une équipe et une autre équipe.
C’est-à-dire que vous pouvez être Gallois et assis à côté d’un joueur Géorgien pour le match Galles-Géorgie. Ou Japonais et assis à côté d’un Argentin pour le dernier match Japon-Argentine. C’est comme ça. C’est dans les usages et tout le monde ira boire une bière ensemble à la fin du match.
Vous et vos équipes êtes sur le pont depuis combien de temps ?
L’équipe site s’est installée à Nantes le 1er décembre 2020. On est arrivés dans une période qui était encore un peu confinée, un peu particulière avec 10 jeunes alternants, issus du programme Campus qui représentaient l’équipe vraiment pilier. Ce sont des personnes qui sont avec moi aujourd’hui en responsabilité sur différents jobs. Et on a pris la mesure du site.
On a été rencontrer toutes les parties prenantes. Les collectivités qui sont nos partenaires, à commencer par Nantes Métropole, évidemment. La région, le Département, la Ligue, les clubs et toutes les acteurs du territoire qui travaillent avec nous aujourd’hui pour livrer cette Coupe du monde.
Le stade de la Beaujoire, ce sont plusieurs utilisateurs ?
On se parle, on se parle bien sûr. Je pense même qu’il y a des collaborateurs qui passeront du rugby aux JO en certains nombres et on se parle. Parce que effectivement comme le disait Nicolas Alain en charge des travaux du stade, il y a des travaux qu’on fait pour le rugby mais qui vont être utilisés derrière par les JO et qui seront un capital laissé au FC Nantes. Quand on crée un studio télé parce que c’est une demande des télés internationales, les JO vraiment vont l’utiliser aussi pour des diffusions télé. Et derrière, le FC Nantes va récupérer ce qu’il lui manque cruellement au stade de la Beaujoire, c’est à dire les espaces de convivialité pour recevoir les interviews.
Visuel de Une : Dominique Coquelet, préside la Ligue régionale de rugby des Pays de la Loire, Claire Jouët dirige les sites de la Coupe du monde de rugby à Nantes, Ali Rebouh, est élu en charge du sport à Nantes Métropole, Chloë Quennehent, est capitaine de l’équipe première de l’ANRF, rugby féminin, Karim Hérida, est directeur conseil à Eventeam.
Bruno Briand.