Claire Diterzi au Théâtre de Verre : l’Arbre en Poche, à Châteaubriant, jeudi 16 janvier 2020. Le nouveau spectacle que Claire Diterzi a écrit, composé et mis en scène confronte deux frères que tout oppose. C’est la trame narrative. Et de multiples disciples qui ne demandent qu’à dialoguer. C’est sa passion d’artiste. Entourée d’un contre-ténor, d’un comédien et de six percussionnistes. Claire Diterzi, l’aventurière des musiques navigue entre chanson, opéra baroque, musique contemporaine et électro. Elle fait cela avec une féroce envie d’émancipation face à tous les dogmes et toutes les habitudes.
[one_half]C’est l’histoire d’un jeune garçon qui, un jour, las du philistinisme et du conformisme ambiants en général, et de Fun Radio en particulier, décide – à l’image de l’héroïque Baron perché d’Italo Calvino, dont le titre L’Arbre en poche est l’anagramme – de monter dans un arbre pour n’en plus jamais redescendre. Du haut de son moabi, sous les yeux de son frère, resté rivé à son confortable fauteuil comme trop de (télé)spectateurs passifs du désastre actuel, il fera tout ce qui est en son pouvoir pour empêcher la dévastation des forêts de son Congo natal ; il rencontrera même l’âme sœur, se consumant d’amour pour une sorcière (Claire Diterzi), qu’il sauvera des flammes mais ne pourra sauver des eaux.
Comme le roman de Calvino, brillant hommage à l’esprit des Lumières, L’Arbre en poche est un récit d’émancipations, un hymne vibrant à la désobéissance civile. Entre concept-album et tragi-comédie musicale, entre minimalisme électronique et mélismes baroques, entre le rire et les larmes, le chaud et le froid, l’humour et le désespoir, l’audace et l’évidence, ce disque, où pour [/one_half][one_half_last]
La première fois Claire Diterzi confie…
…certaines de ses compositions à la voix d’un autre, le contre-ténor Serge Kakudji, est bien à l’image du spectacle qu’il accompagne. A la fois direct et foisonnant, populaire et savant, iconoclaste et poignant, il fait voisiner avec un naturel déconcertant une reprise du générique de Goldorak. Mais également un hommage au Pli de Gilles Deleuze et une chanson en swahili…En creux, cet album qui se déploie comme un origami se révèle doublement politique.
Car l’émancipation dont il est question. C’est au moins autant celle d’une chanteuse française. Ici tour à tour pythie et chipie. Sorcière et sirène qui fait fi des règles de l’étiquette et du qu’en dira-t-on. Il défie les lois de la gravité et les faux procès en illégitimité. Claire Diterzi est une artiste frondeuse et libérée qui, comme d’autres abattent des arbres. Elle n’a de cesse de faire tomber les frontières et les préjugés séparant les disciplines et les «genres». Avec humour, et toujours une folle détermination. [/one_half_last]
Ce 8e album est ainsi un nouvel Objet Sonore (et Scénique) Non Identifié
Les 12 chansons qui composent L’Arbre en poche forment en effet la bande-son du spectacle éponyme. Claire Diterzi l’a écrit et mis en scène (créé en janvier 2018 au Théâtre Anne de Bretagne, Scène Nationale de Vannes). Un spectacle de théâtre musical au sens le plus ouvert du terme. Par exemple, il associe un fildefériste, un comédien, un contre-ténor, une chanteuse/sorcière, et six percussionnistes chargés notamment d’interpréter… un mini-opéra contemporain.
Il s’agit de L’Opera (forse), du compositeur italien Francesco Filidei, qui séjourna en même temps qu’elle à la Villa Médicis. Un joli pied-de-nez aux gardiens du temple de tout poil, si l’on se rappelle la polémique qui entoura cette résidence. Ce qui donna lieu en son temps au projet discographique et scénique Le Salon des refusées ! Un spectacle dont le propos est avant tout, politique. Un vigoureux (mais savoureux) manifeste contre les ravages que l’homme inflige à son environnement. En fait un cri d’alarme face à la catastrophe écologique que nous traversons.