Boléro : une film d’Anne Fontaine à Émeraude Cinémas Châteaubriant dès le mercredi 6 mars 2024. Avec Raphaël Personnaz, Doria Tillier, Jeanne Balibar (2 h 00)
En 1928, alors que Paris vit au rythme des années folles, la danseuse Ida Rubinstein commande à Maurice Ravel la musique de son prochain ballet. Tétanisé et en panne d’inspiration, le compositeur feuillette les pages de sa vie – les échecs de ses débuts, la fracture de la Grande Guerre, l’amour impossible qu’il éprouve pour sa muse Misia Sert… Ravel va alors plonger au plus profond de lui-même pour créer son œuvre universelle, le Bolero.
Anne Fontaine est en premier lieu partie d’un souvenir : lorsqu’elle était jeune danseuse, elle a été marquée par le « Bolero » dans la chorégraphie de Maurice Béjart, dansé par Jorge Donn, qu’elle a trouvé à la fois moderne et érotique. La réalisatrice précise : « Il y a ensuite un désir : l’envie, depuis longtemps, de réaliser un film sur la musique et la danse – mon père étant compositeur et organiste, j’ai baigné toute ma vie dans une atmosphère musicale. Il y a enfin l’énigme que représente le créateur de cette œuvre inoxydable, qui voyage à travers les époques et les pays, inspire les groupes pop comme la musique répétitive. Comment Ravel l’avait-il conçue ? »
« Je savais peu de choses sur sa personnalité. Je me suis mis en tête de le rencontrer à travers la construction cyclique et envoûtante du « Bolero ». »
Virginie Efira et Vicky Krieps pressenties
Swann Arlaud était à l’origine envisagé pour se glisser dans la peau de Maurice Ravel. Virginie Efira et Vicky Krieps étaient elles aussi pressenties pour prendre part au film.
Bien que Ravel ait suscité d’innombrables analyses de spécialistes, la somme biographique et critique de Marcel Marnat (que Anne Fontaine a eu la chance de rencontrer) reste la Bible sur le sujet : « Ses interviews de Manuel Rosenthal, qui a été l’élève de Ravel, et celles de Marguerite Long (pianiste légendaire et autoritaire interprétée par Emmanuelle Devos dans le film), portent principalement sur la construction des œuvres.Marguerite Long insiste notamment sur leur minutie, leur précision et leur structure quasi mathématiques », confie la cinéaste.
Période difficile
Dans Boléro, on découvre Ravel à une période qui ne lui est pas propice, comme l’explique Anne Fontaine : « Il est enlisé, il ne sait pas comment aborder le ballet qu’il a promis à cette femme aussi tenace que baroque qu’est Ida Rubinstein, ex-danseuse des Ballets Russes, devenue la star et la productrice de ses propres spectacles. »
Visuels : Copyright Pascal Chantier.