Au chevet du tombeau de François II et de Marguerite de Foix, les Affaires Culturelles des Pays de la Loire lancent une opération d’envergure.
Le samedi 18 juillet 2020, au cœur de l’été, la cathédrale Saint-Pierre et Saint-Paul de Nantes était la proie des flammes.
Depuis le mois de mars 2023, les techniciens sont à pied d’œuvre pour redonner de l’éclat au tombeau de Marguerite de Foix et de son époux, le Duc François II. Leur fille, la Duchesse Anne de Bretagne fit ériger ce monument au couvent des Carmes en 1507.
Démonté lors de la Révolution française, on le place dès lors dans le bras sud du transept de la cathédrale Saint-Pierre et Saint-Paul de Nantes en 1817. Au remontage, on le jointoya avec un gypse. Ce plâtre a provoqué des dégâts sur la pierre de base, composée de serpentine* (ou serpentinine).
Le sel ronge cette semelle. L’hygrométrie non contrôlée. Le matériau est friable et l’on ne connait pas à ce jour de dégradation similaire.
Valérie Godard est conservatrice régionale des monuments historiques à la direction régionale des affaires culturelles des Pays de la Loire. Elle » Dans les années 2009, on a commencé à constater quelques petites dégradations sur le tombeau.
Il y avait une véritable urgence à le démonter
On voit à la base les remontées de sel. Ces travaux étaient prévus avant l’incendie. On n’a pas pu les mettre en œuvre à ce moment-là.
On a fait un premier constat d’État sanitaire, puis en 2013 un deuxième constat d’État sanitaire et on remarque que la plainte qui est formée d’une bande noire sur laquelle repose le tombeau est en train de s’effriter. Et cet effritement est anormal. On commande des analyses et on voit que ça s’accélère et donc la décision est prise. Puis ce fut un diagnostic complet. La décision est de lancer des travaux en 2020. Et puis ce qui se passe le 18 juillet 2020, c’est l’incendie de la cathédrale de Nantes et du coup on est on ne peut pas faire la restauration.
On a fait un premier nettoyage de ce tombeau parce que il y a des marbres blancs donc qui sont très susceptibles d’être tachées par les par les suies. Il y avait aussi beaucoup de plombs qui a été qui s’est dispersé partout dans l’atmosphère. Donc, il a fallu aussi enlever le plomb sur l’ensemble du tombeau.
Et aujourd’hui que la cathédrale est entièrement déplombée, et qu’on peut y circuler sans équipement particulier, nous reprenons ce projet qui devient vraiment nécessaire.
Un bain de jouvence
La dalle en serpentine est gorgée de sulfates de sel. Des ions microscopiques et solubles. L’opération de restauration du tombeau est délicate. Sous l’effet de l’humidité qui remonte du sol, les parties les plus humides sont les plus proches du sol. Sous l’effet de l’humidité, il y a des phénomènes d’évaporation qui se qui se produisent avec une cristallisation. Une mobilisation des sels contenus dans l’eau, l’eau s’évapore et arrive jusqu’à la surface. Les sels cristallisent et dégradent légèrement la pierre petit à petit. Le phénomène se répétant, la dégradation est inéluctable.
Les équipes de restauration démontent l’édifice par éléments jusqu’à atteindre la partie basse qui soutient le tombeau. Cette plainte prendra un long bain afin que ressortent les sulfates de sels. Bain après bain on débarrassera la serpentine de ce qui la décompose. Enfin, on protégera la pierre afin qu’elle dure longtemps.
On profite de ce démontage pour nettoyer les quatre vertus et les gisants. Les anges, le lévrier et le lion seront nettoyés également lors de cette restauration.
L’amélioration de l’environnement de ce tombeau
Le sol où reposera le tombeau sera un sol drainant qui va permettre également d’isoler le tombeau du sol, un couche de matériau intissé, et puis au-dessus une feuille de plomb afin d’empêcher les remontées de sels. Les parties en serpentine seront encapsulées par un résine légère. Des capteurs d’hygrométrie contrôleront l’atmosphère.
Le Maître d’Ouvrage des travaux est la Direction régionale des Affaires Culturelles des Pays de la Loire, dirigée par M.Marc Le Bourhis. Ils sont entièrement financés par l’État pour un montant de 1, 12 M€ HT.
Œuvre importante de la Renaissance
Ce tombeau est une commande d’Anne de Bretagne en 1494. On va chercher évidemment les meilleurs artistes, les meilleurs matériaux. Et donc on se fournit en marbre de Carrare, et en serpentine, de Florence.
Le samedi 18 juillet 2020
Aux environs de 7h45 ce samedi 18 juillet 2020 des passants voient des flammes au niveau de la rosace de la cathédrale Saint-Pierre-et-Saint-Paul de Nantes. Les secours arrivent rapidement de la caserne voisine.Plus d’une centaine de pompiers sont à pied d’œuvre pour éteindre au plus vite l’incendie. L’incendie ravage les vitraux de la verrière, ainsi que le Grand Orgue.
*La serpentine n’est pas à proprement parler un minéral. C’est un silicate constitué de microcristaux, composé de chrysotile, une forme d’amiante. On trouve un gisement de serpentine en Pays de la Loire, à Mouchamps en Vendée.