Nantes

La Folle Journée de Nantes : un bilan des 30 ans

Johanna Rolland et René Martin font leur bilan de 30 ans de la Folle Journée de Nantes.

« Cette année, nous avons l’immense plaisir de fêter ensemble les 30 ans de la Folle Journée de Nantes. Trois décennies au cours desquelles une intuition originale s’est muée en un festival de musique classique qui est aujourd’hui par sa fréquentation le plus grand en France et un des plus grands en Europe.

Cette intuition, poussée par l’idée de René Martin et la volonté politique de Jean-Marc Ayrault, c’était celle de faire de la musique classique le cœur d’un grand évènement populaire. Celui-ci s’est d’abord déployé à Nantes, devenant au fil des ans un des évènements majeurs de l’agenda culturel de la ville. Grâce à la mobilisation des élus de toutes sensibilités politiques, il a ensuite gagné d’autres villes de la Région des Pays de la Loire et parallèlement s’est aussi exporté à l’international, de Lisbonne à Tokyo, de Varsovie à Bilbao, contribuant ainsi à faire rayonner notre territoire dans le monde entier. À Nantes, cette réussite incroyable s’est incarnée en plus de 6400 concerts donnés par 42 250 artistes pour 3 159 300 spectateurs.

La Folle Journée de Nantes : un bilan des 30 ansNous en sommes extrêmement fiers et sommes profondément attachés, comme le sont aussi les spectatrices et les spectateurs fidèles et de tous horizons qui se pressent chaque début d’année à La Cité des Congrès et dans les lieux de plus en plus nombreux de la ville ouverts au festival. Il faut aussi souligner la place de choix donnée aux musiciens amateurs en croisement des artistes les plus renommés : orchestres de conservatoire, harmonies… comme cette année avec un ensemble de 150 saxophonistes de l’agglomération nantaise rassemblés autour d’adaptations choisies sur la proposition de la direction artistique du festival.

30 ans, c’est un âge auquel on peut légitimement aspirer à la sérénité et au bonheur de partager ensemble l’évènement.

Hélas, c’est le moment auquel une de ses tutelles historiques, un de ses partenaires publics importantes, décide de ne de plus le soutenir.

C’est pourquoi nous voulons rappeler pourquoi l’évènement, dans son ampleur et son rayonnement, nous est si précieux. Il est immensément précieux parce qu’il est un des piliers d’un écosystème bien vivant autour de la musique classique, professionnel et amateur, qui va de l’Orchestre National des Pays de la Loire au Conservatoire à Rayonnement Régional en passant par Angers Nantes Opéra dont les chiffres de fréquentation remarquables, pour l’ONPL et l’ANO, témoignent du dynamisme.

Il est infiniment précieux par la possibilité qu’il offre à des publics éloignés, voire très éloignés, possibilité de participer à la vie culturelle de notre territoire parce que la solidarité, l’accès de tous les publics quel que soit leur âge ou leur condition fait désormais partie de l’ADN de la manifestation. Il est incommensurablement précieux par l’importance des retombées économiques directes et indirectes qu’il provoque pour le territoire métropolitain comme pour la région qui soulignent le formidable effet d’entraînement de la manifestation. La démonstration de cette réussite et de tous ses effets vertueux pourrait être plus longue encore.

Alors la Folle Journée de Nantes vivra et continuera de se déployer dans notre ville, dans notre métropole et partout où elle sera désirée.

Oui, la culture, les arts, la musique, les festivals sont d’abord et avant tout « des produits de haute nécessité » parce qu’ils permettent le rassemblement du plus grand nombre et l’émancipation de chacune et de chacun. Certes, le contexte de crise des finances publiques nous appelle à la responsabilité, mais il ne nous oblige pas à faire de la vie culturelle une variable d’ajustement ou à produire des discours stigmatisant pour les artistes et les publics. Forts de ce qui nous unit dans ce moment suspendu qu’est la Folle Journée, nous réaffirmons que l’émotion qui naît lors d’un concert dans l’interprétation vivante et vibrante d’interprètes engagés rend chacune et chacun un peu plus présent au monde. Cette présence fait commun, elle fait même liberté, égalité et fraternité, elle fait
République. Nous en avons besoin, il nous revient de la protéger et de l’amplifier.

Johanna Rolland
René Martin

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