J’entends les inquiétudes légitimes concernant la censure du Gouvernement. J’entends aussi les interrogations vis-à-vis de ce vote. Quelques heures après le vote de la motion de censure du Nouveau Front populaire, je vous partage ma position. En expliquant que je suis conscient de la gravité du moment, sans en exagérer les conséquences, comme le font ceux qui n’ont plus d’autres arguments que la peur à développer.
Voter la censure nous plonge-t-elle dans le chaos ?
Premièrement, celles et ceux qui agitent le chiffon rouge du chaos sont les mêmes qui ont le plus à perdre : les hyper-riches, les conservateurs, les autoritaristes. Deuxièmement, ce serait de rester dans cette situation qui nous emmènerait au chaos.
● Nous allions droit dans le mur avec l’austérité budgétaire imposée.
Malgré les 15 milliards d’euros de recettes supplémentaires proposées par Nouveau Front populaire pour sortir d’une logique d’austérité, le Gouvernement a préféré recourir au 49.3 pour éviter un vote de l’Assemblée nationale. Jamais M. Barnier n’a cherché à améliorer son projet.
Michel Barnier voulait augmenter le reste à charge des patients, réduire le pouvoir de vivre des retraités et saper l’éducation de nos enfants. Le budget du Gouvernement attaquait les Françaises et les Français dans leur vie quotidienne. Ce n’est pas le projet pour lequel vous m’avez élu.
L’austérité met à mal nos entreprises et conduit à la suppression massive d’emplois. Les coupes budgétaires décrétées chez nous, en Pays-de-la-Loire par C. Morançais, en sont la conséquence la plus directe.
● Nous allions droit dans le mur avec l’autoritarisme d’Emmanuel Macron et un gouvernement minoritaire.
La crise aiguë traversée aujourd’hui est le résultat de la décision imposée par un seul homme : une dissolution et une nomination illégitime de Michel Barnier. S’en est suivi un blocage des institutions.
N’oublions pas non plus comment, pendant 7 ans, Emmanuel Macron a soufflé sur les braises : en niant les manifestations, en niant les partenaires sociaux ou par une utilisation abusive du 49.3.
● Nous allions droit dans le mur avec le pacte du Gouvernement Barnier et du RN.
Nous n’avons pas réalisé, chez nous comme partout ailleurs, un front républicain aux dernières législatives pour que le barrage n’explose sans que nous réagissions.
Voter cette censure du Premier ministre pour refuser qu’il négocie directement avec l’extrême droite ; pour refuser qu’il en reprenne les thèses, les termes et qu’il accède à ses exigences.
Si j’ai voté la censure, aux côtés d’une gauche unie, c’est pour d’abord arrêter le carnage, ensuite accélérer la sortie de crise, enfin proposer une alternative de gauche et écologiste. La censure offre à terme une perspective sereine et ouvre la possibilité de se remettre autour de la table.
Avec une méthode d’abord, que vous me connaissez : transpartisane, dans le respect du parlementarisme et la sortie d’une politique autoritaire. Je l’applique au quotidien sur notre territoire et dans mon travail parlementaire, nous l’appliquerons demain avec la même abnégation pour les Françaises et les Français.
Avec des priorités ensuite, pour la France et notre territoire : l’abrogation de la réforme des retraites, la contribution des très grandes fortunes, un plan de recrutement pour l’école et pour l’hôpital public, en partant des besoins, notre loi transpartisane contre les déserts médicaux, un revenu minimum pour les agriculteurs, une loi énergie-climat pour faire face au dérèglement climatique et à l’augmentation des factures, la fin des licenciements boursiers, comme à Michelin ou à Auchan.
Après la censure du gouvernement de Michel Barnier, le débat public se concentre déjà sur le qui. Ce n’est pas la bonne question. Nous voulons parler du quoi et du comment. Le pays ne sera pas paralysé rassurez-vous. Un autre budget sera proposé et espérons-le débattu. Et nous y sommes prêt·es.
Jean-Claude Raux
Député écologiste de Loire-Atlantique.