Châteaubriant

André Sinenberg est parti

Avec lui, c'est un bout de la mémoire de Châteaubriant qui s'évapore. André Sinenberg avait pourtant encore tant de choses à nous dire.

André Sinenberg est parti, discrètement, sans un bruit, dans la nuit du 8 au 9 novembre dernier. Il avait 91 ans. Un hommage avait lieu samedi 11 novembre à 15h, au Foyer restaurant du mail du château.

Lui que l’on entendait chaque jour, siffler, lors de ses balades à pied. Il avait pour habitude de s’arrêter au château de Châteaubriant, de s’asseoir sur le banc, là, sous le platane. André Sinenberg souriait toujours.

Un élu au service des éleveurs

André Sinenberg fit partie de l’équipe municipale de Châteaubriant sous les mandatures de Mme Martine Buron, de 1989 à 2001. En tant que fin connaisseur de toute la filière viande, André Sinenberg se vit confier la création d’un foirail moderne. Un outil qui répondrait aux exigences de confort et de sécurité. Le foirail s’installa route de Vitré, à la sortie nord de Châteaubriant. Tous les professionnels de la filière reconnaissaient son savoir-faire.

C’est André Sinenberg, qui mena le dossier de bout en bout. Lors de l’inauguration la nouvelle municipalité oublia de l’inviter dans un premier temps. Il reçut un carton deux jours avant. C’était en 2001. Aujourd’hui, vingt-deux ans après, Châteaubriant a toujours le même maire.

Enfant juif, interné à Drancy

En 2006, l’hebdomadaire La Mée faisait parler André Sinenberg. Il revenait sur les heures joyeuses, sur son apprentissage de la boucherie, sur l’amour de son métier de boucher. Un métier qu’il a appris à aimer. Il aurait tant voulu être dessinateur.Il fit son tour de France pour parfaire sa formation.

Revenu à Châteaubriant, avec sa femme Maryse, André Sinenberg ouvrit une boucherie, rue du faubourg Saint-Michel à gauche avant la montée vers Saint-Michel-des-Monts.

Dans ses souvenirs, il se confie également sur une période plus noire de sa vie.

C’est un jour de marché, fin janvier 1944, qu’André Sinenberg a été arrêté, comme enfant juif. « Une honte qui me marque encore. Mon père avait déjà été emmené. Ma mère, mon frère, ma sœur et moi, encadrés par six sentinelles et un officier allemands. , nous avons traversé ce marché où tout le monde nous connaissait. Nous avons été ensuite internés à Drancy. Une bonne partie de ma famille est morte dans les camps de concentration. Mon père est resté à Drancy. Mon frère, ma sœur et moi, nous avons été libérés parce que ma mère a pu prouver qu’elle était chrétienne ». Une honte qu’il faudrait ne pas revoir.

Ses dernières années il était revenu dans les écoles pour témoigner de l’horreur nazie. Il confiait que d’en parler, ça le hantait toujours.

Photographie © Alain Moreau

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